Un stade flambant neuf, l'U Arena de Nanterre, mais déjà bien marri après que des hôtes dépenaillés se sont montrés indignes du vernissage : le Japon est reparti samedi soir avec le nul (23-23) face aux Bleus. Une partie du public qui crie «remboursez !» alors que, pour compenser des réservations faméliques, les invitations avaient été distribuées à foison. Un des joueurs cadres, le 3e ligne Louis Picamoles, une fois de plus méconnaissable, qui qualifie le résultat d'«au-delà de la déception». Un autre cador, le centre toulonnais Mathieu Bastareaud, qui voit «l'équipe de France en danger», alors que le pronostic vital est d'évidence engagé… C'est peu de dire que, réduit à l'état d'impuissance par Shinya Makabe et consorts, le XV tricolore a fini dans le schwartz le plus complet de la série de test-matchs d'automne la plus désastreuse de son histoire.
Laquelle succède à une tournée d'été catastrophique en Afrique du Sud : trois branlées. Donné comme sparring-partner idéal pour se refaire la cerise après trois défaites , le Japon a au contraire crucifié des Bleus en perdition, limite honteux d'avoir arraché un résultat nul. Quid maintenant de l'avenir, à deux ans de la Coupe du monde et deux mois seulement du prochain Tournoi des six nations ? Plus que jamais condamné à l'euphémisme, le sélectionneur, Guy Novès, a concédé un «mois de novembre compliqué» : «La pauvreté du contenu m'alerte et me tracasse. C'est pour ça que je parle de perte de confiance. Parce qu'il y a quelque mois, ces joueurs-là montraient un autre enthousiasme dans le Tournoi et même lors de la tournée de novembre.» Du propre aveu de Novès, c'est de pire en pire.
Il paraît ainsi difficile de continuer la route avec un pilote impuissant, réduit à constater les avaries. Plus glissante que jamais, la balle est donc entre les mains de Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby, lui-même fragilisé par des soupçons de conflit d'intérêts ayant donné lieu à une enquête ministérielle. Prompt à la réaction, l'ancien secrétaire d'Etat avait exigé au moins trois victoires en novembre. Sans quoi, roulement de tambours… rien. Compte tenu du profil de l'actuel sélectionneur, une démission spontanée de la part de Novès semble toujours peu probable. Depuis une semaine, l'Equipe suggère la venue de l'Anglais Clive Woodward (à la tête de la sélection anglaise championne du monde en 2003) comme super intendant, ce qui serait une manière implicite de pousser le sélectionneur vers la sortie. A défaut de régler la question des joueurs, tout à fait centrale à la vue du terrible match de samedi.