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Libération
Interview

Jérémy Grimm (milieu, 30 ans) vu par Benjamin Corgnet «Lui, je savais qu’il était l’âme du club»

publié le 1er décembre 2017 à 19h56

«Un mec assez réservé, qui ne s'exprime pas à tout-va. A l'aise techniquement mais il "charbonne" [il est dans le combat, ndlr] et tout est lié : ce qu'il exprime émane de lui, c'est une attitude, pas des mots et c'est raccord avec son rôle de demi-défensif devant récupérer les ballons : un poste guerrier qui peut avoir un effet d'entraînement sur une équipe. Quand tu vois qu'ils y vont… Je suis arrivé cet été. Je m'intéresse au foot et je regardais la Ligue 2 : tu connais les noms des mecs, pas les prénoms, mais lui je savais qu'il était l'âme du club, un gars du coin [Grimm est né à Ostheim, dans le Haut-Rhin], au Racing depuis le National [troisième échelon]. C'est particulier pour lui : il caractérise à la fois la région et le club, les supporteurs le tiennent pour emblématique, un peu comme Loïc Perrin et Jessy Moulin à Saint-Etienne. Or quand tu montes du National à la Ligue 1, tu changes de monde en dix-huit mois, les joueurs sont brusquement valorisés : il faut savoir gérer. Mais il reste simple. Je ne l'ai jamais entendu dire "il faut se comporter comme ci ou comme ça". On joue à guichet fermé contre Amiens mais il continue de venir à l'entraînement en tram. Sur le terrain, ça change aussi : ça va plus vite, tu as l'impression que tu deviens plus lisible pour les adversaires. Or il ne faut pas modifier sa façon de jouer, tomber dans des trucs que tu ne sais pas faire. Jérémy joue moins cette saison [9 matchs en 14 journées]. Il n'est pas négatif pour autant : il a pris à cœur les bouts de match que le coach lui a donné et il sait que sur une saison complète, on a besoin de tout le monde. Quand tu es moins utilisé, tu dois te dire que tu es heureux. Mais je peux comprendre qu'un joueur préfère rester en L2 pour garder son temps de jeu, on sait très bien qu'un club qui monte dans la division supérieure recrute et ton rendement à l'étage du dessus est toujours une inconnue. Mais on peut aussi faire la part des choses, tu affrontes du jour au lendemain des types que tu voyais à la télé et c'est plaisant de s'étalonner, le fameux "ils ont deux bras et deux jambes comme nous" (sourire). Même au niveau amateur, ça fonctionne. Après, il ne faut pas être émerveillé non plus. C'est mal vu dans un vestiaire.»