«Kader est arrivé à l'été 2015, deux ans après moi, alors que le club montait de National [premier échelon amateur, ndlr] pour accéder à la Ligue 2. Il impressionne deux fois : par son physique [1,93 m pour 90 kilos] et son CV. Il compte près de 150 matchs de Ligue 1, il est international [20 sélections avec le Sénégal] : il vient du monde du dessus, beaucoup aimeraient avoir son passé et l'arrivée d'un joueur pareil dans un club qui vient du National est un signe d'ambition. Et un petit boost à l'entraînement : tu dois montrer que tu es à la hauteur. Quand il est arrivé, il y avait une distance respectueuse : un joueur mérite toujours ce qui lui arrive, c'est un métier où tu vas tout chercher. Mangane est un joueur de Ligue 1 et la Ligue 1, j'en rêvais depuis que j'étais gamin. Quand tu es jeune, tu joues au foot, tu es content : ça s'arrête là. La maturité t'ouvre aux choses, te rend de plus en plus sensible à ce qui se passe en dehors. Je veux dire que la Ligue 1, les stades pleins, le retour des gens, je les savoure. Pour en revenir à Kader, on connaissait sa réputation : le joueur dur, qui mouille le maillot et qui arrache tout. Certains appréhendaient un peu les duels à l'entraînement (sourire). Bon, ça va, il est expérimenté, il mesure ses efforts : il connaît son corps et il s'entraîne pour garder le rythme, pas pour tout défoncer. Il est phénoménal physiquement. Tous les matins, il est le premier arrivé à la salle de musculation. Personne n'est à son niveau : on peut lui envier son corps et son dynamisme. Dans le vestiaire, Kader ne force pas les choses. La saison dernière, il a fait livrer des plats sénégalais après un entraînement pour son anniversaire : on a été quelques-uns à découvrir le mafé, par exemple. Quand je suis allé à Paris avec ma copine pour le week-end consacré à l'UNFP [le syndicat des joueurs], il m'a spontanément proposé de passer chez lui [Mangane a un pied-à-terre à Paris] pour me faire une visite guidée de la capitale. Kader porte parfois le brassard de capitaine. Mon ancienneté au club ou le fait que je sois Alsacien ne me donne aucun passe-droit. Le foot ne marche pas comme ça. Si tu transmets quelque chose, c'est par l'exemple. C'est-à-dire le terrain.»
Interview
Kader Mangane (34 ans, défenseur) vu par Jérémy Grimm «Il vient du monde du dessus»
publié le 1er décembre 2017 à 19h56
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