La nouvelle affaire de dopage dans le milieu du cyclisme peut sembler peu spectaculaire dans son contenu (une substance pas très «lourde» incriminée), mais elle concerne le plus gros poisson de l’aquarium : le Britannique Chris Froome (Team Sky), vainqueur en juillet d’un quatrième Tour de France et en lice pour un doublé Tour d’Italie-Tour de France en 2018.
Les faits, exposés mercredi matin par l'équipe Sky et l'Union cycliste internationale (UCI), qui ont anticipé les révélations de la presse ( le Monde et The Guardian ) : Froome a subi un contrôle anormal (on ne dit pas encore «positif» car une longue procédure démarre) au salbutamol (le principe actif contenu dans la Ventoline, entre autres), le 7 septembre, sur une étape du Tour d'Espagne, dont il a enlevé le classement général. Si ces révélations élèvent d'un gros cran la suspicion qui entoure Chris Froome et son équipe depuis 2011, elles ne constituent pas un élément décisif et appellent plus d'interrogations que de réponses.
Pourquoi c’est suspect ?
C’est une dose de cheval que l’UCI a retrouvée dans les urines de Froome : 2 000 nanogrammes par millilitre, le double du seuil autorisé. Au-delà, le sportif doit justifier qu’il a utilisé un spray (pas d’intraveineuse, comprimé ou suppositoire) et qu’il a respecté la limite de 1 600 microgrammes de salbutamol par vingt-quatre heures. Le salbutamol n’a pas seulement des effets anti-allergiques mais aussi anabolisants, ce qui pourrait permettre à un cycliste de conserver sa masse musculaire pendant une épreuve.
Comment Froome va se défendre ?
«Mon asthme s'est accentué durant la Vuelta, donc j'ai suivi les conseils du médecin de l'équipe pour augmenter mes doses de salbutamol», indique Chris Froome. Le coureur, connu pour suivre un traitement contre l'asthme, ne manquera pas de communiquer son dossier médical à la cellule antidopage de l'UCI. Il pourrait plaider une déshydratation, qui aurait concentré le salbutamol dans ses urines, mais c'est un argument peu probant, le médecin présent lors du contrôle devant veiller à ce que les urines soient correctement concentrées.
Le salbutamol est-il le secret de Froome ?
Non, ce produit ne permet pas de gagner le Tour. Le salbutamol semble par ailleurs moins puissant que les corticoïdes pour lesquels Froome a obtenu une mystérieuse autorisation d’usage thérapeutique de la part de l’UCI en 2014, pour cause d’allergie, juste avant sa victoire sur le Tour de Romandie.
Froome peut-il encore gagner le Tour ?
Oui. La sanction, de deux ans au maximum, peut déboucher sur un simple avertissement de l’Union cycliste internationale, d’après le règlement. Froome pourrait également faire traîner la procédure, car celle-ci lui permet de courir jusqu’à ce qu’il ait épuisé son dernier recours, devant le Tribunal arbitral du sport.