Il voulait rendre «hommage» aux Harlem Globetrotters mais ce faisant, il a perpétué une pratique raciste. Le footballeur français Antoine Griezmann a posté sur Twitter, dimanche soir, une photo de lui grimé en un joueur de basket noir, ce qu’on appelle une «blackface».
Vieille de plusieurs siècles, forgée durant les périodes escalavagistes, ségrégationnistes et coloniales aux Etats-Unis et en Europe, la blackface consiste pour un blanc à se maquiller en noir, en accentuant les caractéristiques traditionnellement associées à cette couleur de peau, comme l’expliquait il y a quelques mois le Collectif des raciné.e.s sur Twitter.
Parce que la #blackface n'est pas une pratique anodine, parce qu'elle est issue d'une histoire et tradition #raciste, ne la pratiquez plus! pic.twitter.com/5oTGxEk05T
— Collectif Des Raciné·e·s (@DesRacine_e_s) March 6, 2017
Si la «blackface» est liée à l'histoire américaine, ce qui sert d'argument pour la trouver tolérable en France, elle est pourtant tout aussi raciste dans notre pays, expliquait Slate en 2016.
On se référera aussi à cet article de Buzzfeed. «Je ne saurais identifier précisément le moment où j'ai compris que se permettre de se "déguiser en noir", c'était aussi avoir le privilège de ne pas l'être au quotidien. Quand vous êtes noir-e le temps d'une soirée, vous ne l'êtes pas à un entretien d'embauche, quand vous cherchez à louer un appart, ou quand vous faites vos courses, suivi-e par un vigile», y écrit le journaliste Pierre d'Almeida.
Ces arguments n’empêchent pas un certain nombre de personnes de n’y voir rien de choquant, à l’image du journaliste Pierre Ménès, qui s’est fendu d’un tweet dimanche soir.
@AntoGriezmann raciste ? C’est une blague? Le mec kif la NBA, il est pote avec tous les blacks en bleu. Je ne trouve même pas son costume des harlem globe trotters déplacé. On vit vraiment une époque de merde ou la délation règne en maître
— Pierre Ménès (@PierreMenes) December 17, 2017
La photo de Griezmann a immédiatement suscité un tollé, auquel le footballeur a d'abord réagi en expliquant qu'il s'agissait d'un «hommage». Mais cela n'excusait rien, au contraire, ce qu'il a fini par comprendre en supprimant ses deux tweets, pour les remplacer par celui-ci :
Je reconnais que c’est maladroit de ma part. Si j’ai blessé certaines personnes je m’en excuse.
— Antoine Griezmann (@AntoGriezmann) December 17, 2017