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En marge de l'Open d'Australie, Djokovic joue les syndicalistes

Alors qu'il a facilement passé le premier tour du premier Grand Chelem de la saison, le Serbe, président du conseil des joueurs, a réclamé une augmentation de la dotation des tournois du Grand Chelem

Le Serbe Novak Djokovic vainqueur de l'Américain Donald Young au 1er tour de l'Open d'Australie ce mardi. (Photo Greg Wood. AFP)
Publié le 16/01/2018 à 18h24

Ses six mois d'inactivité (depuis juillet pour blessure au coude) ont-ils fait mal au porte-monnaie de Novak Djokovic ? Le Serbe s'est distingué par sa prise de position lors de la réunion annuelle des joueurs en marge de l'Open d'Australie vendredi à Melbourne. Le président du conseil des joueurs de l'ATP (élu en 2016) est monté à la tribune où il a exprimé sa volonté de créer un nouveau syndicat de joueurs. L'annonce d'un quasi-doublement des dotations (de 55 millions à 100 millions de dollars australiens d'ici cinq à six ans, soit de 35,7 à 65 millions d'euros) de l'Open d'Australie n'a pas calmé la fièvre revendicative du désormais 14e joueur mondial. Il a dénoncé le faible pourcentage redistribué aux joueurs qui ne touchent que 7% des recettes des principaux tournois. Un chiffre jugé «ridicule» par son compatriote Viktor Troicki (65e mondial) selon The Telegraph : «Novak a raison. Les dotations augmentent certes, mais les recettes des tournois aussi et de plus en plus. La création d'un syndicat est une bonne chose. Quand vous regardez ce que les tournois du Grand Chelem gagnent, la part redistribuée aux joueurs est ridicule.» Le président du conseil des joueurs ATP a également reçu le soutien de son vice-président, Kevin Anderson: «Je pense qu'il y a quelque chose à faire au niveau des pourcentages», a-t-il déclaré.

S’ils souhaitent une augmentation des dotations, c’est notamment, assurent-ils, pour assurer le train de vie des sans-grade, ces anonymes qui ne survivent pas à la première semaine d’un tournoi du Grand Chelem. L’immense majorité des professionnels du tennis doivent payer eux-mêmes tout au long de la saison les déplacements en avion, en plus des dépenses liées à leur staff et au matériel, qu’une élimination rapide ne permet pas toujours de compenser s’ils ne bénéficient pas d’un contrat de sponsoring juteux. Le vainqueur de l’Open d’Australie empochera 2,6 millions d’euros, chacun des 64 éliminés du premier tour en touchera 32 600. Djokovic a rappelé l’exemple des basketteurs américains qui se partagent 50% des revenus de la NBA.

Boycott envisagé

Vainqueur à six reprises à Melbourne, Djokovic aurait également envisagé la possibilité d'un boycott des prochaines éditions du premier Grand Chelem de la saison selon le Daily Telegraph. Une pratique qui ne date pas d'hier. En 2012, un boycott des tournois majeurs de la saison avait déjà été envisagé pour des raisons similaires. Des pressions qui avaient porté leurs fruits puisque la plupart de ces tournois avaient gonflé leurs dotations, à l'image de Roland-Garros, qui avait augmenté de 20% la prime pour les vaincus au premier tour dès l'édition suivante (une prime qui se montait à 35 000 euros l'an dernier).

Mardi, après sa facile victoire au premier tour (6-1, 6-2, 6-3 contre l'Américain Donald Young), Djokovic a joué les modérés, jugeant exagéré ce qu'avait écrit la presse. «J'ai été dépeint comme quelqu'un d'avide, qui demande plus d'argent et souhaite un boycott. Ce qui s'est passé, c'est que nous, les joueurs, nous voulions discuter de certains sujets. Je ne crois pas qu'il y ait quoi que ce soit de mal à cela. Aucune décision n'a été prise. Personne n'a parlé de boycott ou de choses dans ce genre.» Djokovic n'a pas voulu détailler le contenu de ces discussions auxquelles une centaine de joueurs ont assisté. Il a assuré qu'aucun avocat n'était présent à ses côtés lorsqu'il a pris la parole devant ses pairs.