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Gafur Rakhimov, un «criminel majeur» à la tête de la boxe amateur

Le sulfureux hommes d’affaires ouzbek a été nommé à la tête d’un organisme marqué par les scandales et les affaires de corruption.
Gafur Rakhimov est soupçonné d'avoir des liens avec l'organisation criminelle, Thieves-in-Law. (Photo Aiba)
publié le 1er février 2018 à 13h27

La fédération internationale de boxe amateur (AIBA) ne semble pas vouloir tirer un trait sur ses vieux démons. Enfin débarrassée de son président taïwanais Ching-Kuo Wu, démissionnaire en novembre après onze ans d’une présidence tumultueuse, elle vient de nommer à sa tête, par intérim et au bénéfice de son ancienneté, le sulfureux Gafur Rakhimov. Vice-président de l’Aiba depuis 1998, l’Ouzbek est soupçonné par l’administration américaine d’être lié au milieu du crime organisé aux Etats-Unis.

Le Comité international olympique (CIO) s'est dit «extrêmement préoccupé» par cette nomination et a choisi ce lundi de suspendre toutes les aides financières en faveur de l'AIBA : «Les responsables de l'éthique et de la conformité du CIO soumettront cette semaine un rapport aux membres du comité exécutif réunis à Pyeongchang et celui-ci décidera ensuite d'éventuelles mesures supplémentaires. Jusqu'à ce que les demandes aient été complètement prises en considération par l'AIBA, le CIO a décidé de suspendre avec effet immédiat ses prochaines aides financières.»

«Trafic d’héroïne»

En fin d'année dernière, le département du Trésor américain a affirmé que Rakhimov, homme d'affaires de 66 ans faisait partie des «criminels majeurs» du pays. Il est notamment soupçonné de jouer un rôle prépondérant dans le «trafic d'héroïne». Dans sa jeunesse, Rakhimov aurait entamé sa carrière de criminel par de l'extorsion d'argent puis par le vol de voitures. Avec l'âge, l'homme aurait pris du galon et se serait implanté en Amérique où il aurait développé des liens très forts avec un groupe criminel d'origine russe, «Thieves-in-Law», très présent dans les pays de l'ancien bloc soviétique, mais également en Europe de l'Ouest et aux Etats-Unis, où ses activités seraient multiples : extorsion de fonds, blanchiment d'argent, vol, trafic ou encore corruption. Un ancien ambassadeur britannique en Ouzbékistan, Craig Murray, l'avait même désigné comme l'un des cinq plus grands trafiquants d'héroïne au monde lors d'un entretien à ABC en 2014.

Un joli passif pour celui qui prend les rênes d’une des fédérations les plus controversées au monde. En effet, l’AIBA se retrouve régulièrement au cœur de scandales comme lors des Jeux olympiques de Londres et de Rio, notamment lors desquels de nombreuses décisions arbitrales ont décontenancé les observateurs. Beaucoup d’athlètes ont en effet été privés de la victoire alors qu’ils semblaient bien avoir remporté le combat. Selon un haut responsable de cette fédération, cela s’expliquerait par l’omniprésence de la corruption au sein de l’Aiba.

Pourtant, lors de son discours de prise en fonction, Gafur Rakhimov a voulu se montrer rassurant : «Nous devons travailler en étroite collaboration avec les fédérations nationales et avec le Comité international olympique pour restaurer la confiance dans la gestion financière et l'intégrité de l'AIBA. Cela implique une plus grande transparence et une meilleure gouvernance au sein de l'AIBA.» Pas sûr que ces quelques paroles apaisent le comité exécutif du CIO.