Retrouvez dans la chronique «Dans la lucarne» les conseils de spécialistes pour mieux apprécier un événement sportif télévisé du week-end.
Contre toute attente, l'équipe de France de futsal a tenu en échec (4-4) l'Espagne lors du premier match de son histoire, mercredi, à l'Euro. Loin d'être favoris, les Bleus ont su parfaitement utiliser les clés de cette discipline pour contrecarrer les plans d'un adversaire a priori supérieur. Diffusée mercredi soir, cette rencontre a attiré quelque 340 000 téléspectateurs. Une audience tout à fait honorable pour cette discipline qui ne compte que 30 000 licenciés dans l'Hexagone. Les téléspectateurs peuvent d'ailleurs continuer à suivre ces championnats d'Europe de futsal tous les jours à partir de 18 heures jusqu'au 11 février sur la chaîne L'Equipe. Ils auront à nouveau l'occasion de constater que ce dérivé du football possède ses propres caractéristiques, à commencer par sa très grande intensité.
Un terrain de hand
«On ne s'ennuie pas au futsal ! affirme Chimel Vita, pivot du KB United, club actuellement leader du championnat de France. Ça peut être différent au football où certains matchs peuvent être ennuyeux, ce qui peut vous amener à zapper. Tandis qu'au futsal, le spectacle vous maintient à l'écran. C'est très dynamique, il y a beaucoup de tactiques mais aussi de frappes. Cela va d'un but à l'autre.» Cela est dû notamment aux dimensions du terrain, beaucoup plus étroites qu'au football. Il décrit : «On joue à 5 contre 5 sur un terrain de handball. Il n'y a pas de hors jeu et les courses sont très intenses. On est toujours en mouvement, ce qui rend ce sport très physique.»
Avec ou sans goal
Heureusement pour les joueurs, les changements sont illimités et peuvent être réalisés à tout moment du match. Autres grandes différences avec le football, les touches systématiquement jouées au pied et le gardien qui peut se transformer en joueur de champ du gardien : «En futsal, on a un système de "Power play", explique Johan Legeay, l'entraîneur du club de Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Un joueur de champ peut remplacer le gardien si l'équipe qui attaque a besoin de marquer. Mais certaines équipes font également le choix de faire jouer un gardien dans le champ à longueur de temps. Par exemple, le Kazakhstan joue la moitié du match avec son gardien dans la partie de terrain adverse. Mais ils ne font pas rentrer de nouveau joueur, c'est bien le gardien titulaire qui reste sur le terrain grâce à sa grande qualité technique. Cela amène une supériorité numérique mais c'est aussi prendre le risque de s'exposer en cas de récupération de balle adverse.»
Avoir les deux pieds
Contrairement aux idées reçues, les dribbles et gestes techniques sont rares au futsal : «Il est vrai que beaucoup de joueurs se sont tournés vers le futsal en pensant faire une activité beaucoup plus orientée vers le loisir, où ils pourraient s'amuser en dribblant, confirme Johan Legeay. Mais avec le temps, ils se rendent compte que c'est un sport à part entière avec une grosse notion tactique. On est à 4 contre 4, les espaces sont tellement réduits que c'est très difficile de les trouver. Il faut donc faire circuler la balle très rapidement avant de pouvoir trouver un décalage. Une fois qu'on l'a trouvé, il faut être très bon dans la prise de décision pour tenter sa chance.» D'où l'utilité pour les joueurs d'avoir une très bonne technique. Il faut savoir contrôler un ballon plus petit que celui du football traditionnel. Sa surface rugueuse limite les rebonds. Elle permet également de coller aux pieds des acteurs qui conservent un contrôle optimal du ballon. Johan Legeay : «Les joueurs qui sortent du lot en futsal sont les joueurs qui ont la capacité d'"avoir les deux pieds". Cela leur permet de frapper dans n'importe quelle position.»