Nouveau couac pour le XV de France. Déjà battu en toute fin de match par l'Irlande grâce à un drop stratosphérique de Jonathan Sexton (15-13), il est cette fois-ci accusé d'avoir triché quelques minutes auparavant. «Ce n'était rien de moins qu'un scandale», s'est notamment indigné Brian O'Driscoll sur Twitter. Le vétéran irlandais (133 sélections) n'a pas digéré l'imbroglio qui s'est déroulé quelques instants avant la fin de la rencontre.
Commotion cérébrale du genou
On joue alors la 76e minute. La France mène de deux points et tente coûte que coûte de repousser les assauts irlandais. Blessé au genou après un placage, Antoine Dupont reste à terre et doit laisser sa place. Sur les indications du médecin du match, Nigel Owen, l'arbitre de la rencontre, indique quant à lui un protocole commotion qui autorise le remplacement du joueur blessé. Cela permet à Maxime Machenaud, sorti dix minutes plus tôt, de rentrer à nouveau sur la pelouse afin de terminer le match malgré les contestations des Irlandais. Sans l'activation de ce protocole, Machenaud n'aurait pas pû retourner sur la pelouse.
Lundi soir, la FFR s'est pourvue d'un communiqué pour justifier le choix de ce remplacement : «Lors de la blessure d'Antoine Dupont, l'arbitre du match M. Nigel Owens interrompt le jeu en faisant clairement le signe d'une suspicion de commotion cérébrale. Suite à ce geste explicite de l'arbitre central, le Match Day Doctor présent en tribune décide d'enclencher sur le champ le protocole commotion.» Des paroles en accord avec l'analyse du sélectionneur de l'équipe de France, Jacques Brunel : «On a eu une hésitation car le médecin a estimé que c'était une commotion pour Antoine, ce qui a permis à Maxime Machenaud de "re-rentrer".» Une commotion cérébrale du genou donc ; un nouveau champ d'exploration pour la médecine.
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C’est justement ce médecin, Gilles Garet, qui pose question. Comme son nom l’indique, il est Français. Il est également vice-président du comité médical de la FFR. Curieux. Mais il est aussi le père d’un des kinésithérapeutes du XV de France. Cela fait beaucoup pour un médecin censé être «indépendant».
La France sous le coup d’un sursis
Le problème, c’est que la France est récidiviste. L’année dernière, elle a déjà écopé d’un blâme après sa victoire in extremis sur le Pays de Galles (20-18). Cette fois-ci, elle avait fait sortir son pilier Uini Atonio, en prétextant une commotion, pour le remplacer par Rabah Slimani. Un choix payant puisque le XV de France avait fini par s’imposer en faisant la différence en mêlée. Les Gallois avaient alors porté plainte mais n’avaient pas obtenu la victoire.
Lundi soir, la société privée qui gère le tournoi a indiqué, dans un communiqué, que ces incidents allaient être de nouveau analysés par le panel de révisions du protocole commotion : «Le visionnage initial est maintenant terminé et, suivant les vues exprimées par le comité de révision, Six Nations Rugby a mentionné deux incidents de la sorte au panel de révision des protocoles pour commotion cérébrale, c'est-à-dire le deuxième niveau d'examen de World Rugby sur le sujet.» Ce communiqué fait donc référence à la blessure d'Antoine Dupont mais également à celle de Matthieu Jalibert, blessé lui aussi en première période. En cas de triche avérée, l'équipe de France aura cette fois bien du mal à échapper à des sanctions.