Les temps changent. Passé maître dans l'art d'empiler les lingots, le Comité international olympique (CIO) s'escrime désormais à tailler dans les dépenses. Mercredi, au deuxième jour de sa 132e session, tenue dans un grand hôtel de Pyeongchang, l'organisation olympique a dévoilé sa dernière trouvaille. La «Nouvelle Norme», un plan de bataille d'une centaine de mesures, a pour ambition de débarrasser du superflu le budget des prochains Jeux. Pour l'été, l'économie pourrait atteindre 1 milliard de dollars (816 millions d'euros). En hiver, le gain avoisinerait les 500 millions.
Jet de pierre
Suffisant pour réveiller les envies de candidature ? En 2015, le CIO a fait la grimace au moment de choisir la ville-hôte des JO d’hiver 2022. D’un côté Pékin, tout sauf une destination de vacances à la neige. De l’autre, Almaty, au Kazakhstan, une option sûrement plus légitime, mais dont certains des élus du CIO ignoraient à peu près tout à quelques heures du vote. Ils ont choisi la Chine. Par défaut.
A Pyeongchang, la question des Jeux d’hiver 2026 n’est pas officiellement à l’ordre du jour. La campagne n’a pas commencé. L’organisation olympique en a réduit la durée de moitié, espérant en diminuer le coût pour les postulants. Mais les villes intéressées ont toutes dépêché une délégation. Calgary dans l’Alberta, au Canada, est représenté par son maire, Naheed Nenshi, flanqué d’une poignée d’élus et d’experts. Les Suisses de Sion sont annoncés pour ce week-end. Les Japonais de Sapporo profiteront du Club Tokyo 2020, installé à un jet de pierre de la place des médailles, pour activer leur lobbying. Les Suédois de Stockholm se sont inscrits, eux aussi, au programme d’observateurs proposé par le CIO à l’occasion des Jeux d’hiver 2018.
Oubliettes
Avec un tel déploiement de forces, le CIO pourrait se croire sauvé du pire. Et se convaincre que le terrible épisode des Jeux de Sotchi 2014, où la facture avait dépassé les 40 milliards de dollars (lire ci-contre), a enfin disparu dans les oubliettes de l'histoire. Mais le tableau reste truffé de zones d'ombre. A Calgary, le conseil municipal attend le feu vert des gouvernements de l'Alberta et du Canada avant de se lancer dans la bataille. Justin Trudeau, le Premier ministre, semble pourtant peu enclin à jouer la carte des Jeux, alors que le pays fait cause commune avec les Etats-Unis et le Mexique dans une candidature au Mondial de foot en 2026. A Sion, la perspective quasi certaine d'un référendum, annoncé pour le mois de juin, fait trembler les porteurs du projet. A Stockholm, la question divise majorité et opposition au sein du conseil municipal. En Autriche, un dossier vient d'être monté par les stations de Graz et Schladming, mais la population du Tyrol s'était prononcée en octobre contre une candidature d'Innsbruck.
Reste le cas Sapporo. Après Pyeongchang 2018, Tokyo 2020 et Pékin 2022, le CIO ne veut plus entendre parler d'une nouvelle édition olympique sur le continent asiatique. Les Japonais le savent. «Nous y allons au cas où», répètent-ils, tout en assurant avoir déjà réuni toutes les pièces du dossier : budget, infrastructures, consensus politique et soutien populaire. Ils n'auront pas les Jeux d'hiver… sauf s'ils sont finalement les seuls à les vouloir.