Justine Braisaz (France, biathlon), la fraîcheur
Le hasard fait bien les choses. Alors que la leader de l'équipe de France de biathlon, Marie Dorin-Habert, vit une saison difficile et s'apprête à mettre un terme à sa carrière, Justine Braisaz, 21 ans, explose au plus haut niveau et est prête à reprendre le flambeau. Jusqu'à cet hiver, l'Albertvilloise était encore un grand espoir, rapide à skis mais encore trop inconstante au tir. Mais depuis novembre, elle progresse à grands pas. Podiums sur le sprint et la poursuite, à Ostersund, dossard jaune de leader de la coupe du monde pendant deux courses, et enfin première victoire de sa carrière sur la mass-start du Grand-Bornand, le 17 décembre. Justine Braisaz ne s'arrête plus. La biathlète française n'arrivera pas en favorite à Pyeongchang. Y remporter l'or constituerait une performance majuscule. Rapporter une breloque, un bel accomplissement. Mais elle a aussi un autre objectif en tête. «Il y a une course qui me tient particulièrement à cœur : le relais féminin des Jeux en Corée. Au bord ou sur la piste, c'est avec beaucoup d'ambition que j'appréhende cette course d'équipe»,déclarait-elle à ski-nordique.net. Une ambition qui pourrait être assouvie, le relais français ayant emporté l'épreuve d'Oberhof, au nez et à la barbe des Allemandes, réputées quasi imbattables. Justine Braisaz, c'est un physique de championne, mais aussi une personnalité attachante qui s'exprime dans ses réactions d'après course, souvent rafraîchissantes. (Photo AFP)
Résumé de la victoire de Justine Braisaz au Grand-Bornand :
Mikaela Shiffrin (Etats-Unis, ski alpin), l’ogresse
A seulement 22 ans, Mikaela Shiffrin s’est déjà constitué un palmarès à faire pâlir d’envie les plus grandes skieuses du monde. Tenez-vous bien : 41 victoires en coupe du monde, 5 coupes du monde (dont une fois le classement général), 3 titres de championne du monde et, pour couronner le tout, une médaille d’or olympique, obtenue dès sa première participation, à 18 ans. Juste prodigieux. La skieuse américaine est une reine quasi imbattable sur deux manches de slalom. Entre les piquets, elle danse à une vitesse qui défie l’entendement. A se demander si elle ne trouve pas des raccourcis. Sur les huit slaloms disputés cet hiver, elle en a remporté sept, passant à 10 centièmes de la victoire dans le huitième, qui était aussi le premier de la saison.
Plus impressionnant encore, depuis son retour de blessure en février 2016, elle a gagné 18 slaloms sur 23 en coupe du monde. La voir repousser ses rivales à plus d’une seconde n’a plus rien d’étonnant. En somme, Mikaela Shiffrin banalise l’exceptionnel. Et entend bien étendre sa domination aux autres disciplines. Cet hiver, elle domine déjà le classement général du slalom géant, devant la Française Tessa Worley. Elle s’est même payé le luxe de remporter une manche de coupe du monde de descente, le 2 décembre, à Lake Louise (Etats-Unis). A n’en pas douter, la skieuse américaine vient à Pyeongchang avec un seul objectif en tête : gagner. En slalom et en géant. (Photo AFP)
La vidéo de la 30e victoire de Shiffrin dans un slalom de coupe du monde, à Flachau (Autriche) :
Estelle Alphand (Suède, ski alpin), la descendante
A 22 ans, Estelle Alphand est l’une des révélations de la saison en slalom. Si ses performances impressionnent, c’est bien son patronyme qui interpelle. Alphand. Comme un certain Luc Alphand, dont elle est la fille. Dès lors, on comprend mieux son penchant pour les pistes de ski. Ce que l’on comprend moins, c’est les couleurs sous lesquelles elle prend part aux compétitions, celles de la Suède. Pourquoi diable ne skie-t-elle pas pour la France, qui aurait bien besoin d’une femme capable d’accrocher un top 5 (à Lienz, en décembre) ? D’autant qu’elle avait fait toutes ses classes avec l’équipe de France.
Mais la carrière de celle qui était considérée comme l'un des meilleurs espoirs français après sa razzia de médailles aux Jeux olympiques de la jeunesse en 2012 (4), n'a jamais décollé depuis ses débuts en coupe du monde, en mars 2013. C'est pourquoi, au printemps 2017, elle prend une décision radicale : quitter l'encadrement de l'équipe de France pour rejoindre celui de la Suède, profitant de sa double nationalité (sa mère Anna-Karin est suédoise). Un choix visiblement salutaire. «Les mentalités sont différentes ici, disait-elle à Ski Chrono fin octobre. C'est plus calme, plus positif aussi.» Et elle peut progresser aux côtés de l'expérimentée Frida Hansdotter, qui a gagné le petit globe du slalom l'hiver dernier. Estelle Alphand semble toutefois un peu juste pour monter sur le podium à Pyeongchang, surtout avec la présence de l'ogresse Mikaela Shiffrin. Mais qu'importe. Elle s'est remise dans le droit chemin cet hiver et, à 22 ans, a encore tout l'avenir devant elle. (Photo AFP)
Marit Bjoergen (Norvège, ski de fond), la boulimique
A 37 ans, Marit Bjoergen a le palmarès le plus impressionnant du ski de fond mondial. 110 victoires en coupe du monde, 18 titres mondiaux, 6 olympiques : les chiffres sont ahurissants. Mais la Norvégienne a encore faim de titres et espère l'assouvir à Pyeongchang. D'autant que, malgré ses trois ors à Sotchi, elle est un peu restée sur sa faim : «Nous avons eu des problèmes de ski avec les conditions de neige et je pense que j'ai perdu quelques médailles là-bas.» Quand on vous dit qu'elle aime gagner… Depuis, la vie de Marit Bjoergen a changé. D'avril 2015 à novembre 2016, elle s'est retirée du circuit pour donner naissance à son premier enfant. Son retour aurait pu être difficile, en raison de son manque de rythme et de son âge, relativement avancé pour une athlète de haut niveau.
Il n'en fut rien. Marit Bjoergen est repartie des mondiaux de Lahti (Finlande, 2017) avec quatre nouvelles médailles d'or sur les cinq épreuves qu'elle a disputées. Chasseuse de records, elle en a un autre dans le viseur en Corée du Sud : dépasser ses compatriotes Bjorn Daehlie et Ole Einar Bjoerndalen au nombre de médailles olympiques. Le premier, retraité, en compte 12. Le second 13, alors qu'elle en possède déjà 10. «J'ai réalisé que je suis juste à trois médailles d'Ole Einar, et j'ai ça à l'esprit. C'est certainement motivant, mais ce n'est pas un but, c'est un rêve.» Coup de pouce du destin dans sa quête, Bjoerndalen n'a pas été retenu dans l'équipe norvégienne de biathlon (lien) et ne pourra par conséquent pas augmenter son pécule. (Photo AFP)
Chloé Trespeuch (France, snowboard cross), l’affamée
A Sotchi, quand Chloé Trespeuch a remporté la médaille de bronze aux Jeux, c'était une réelle surprise. A 19 ans, elle n'était encore jamais montée sur un podium mondial. Et, lors de la finale, elle était dernière à mi-course, avant de coiffer sur le fil ses concurrentes pour le podium. Quatre ans plus tard, elle a étoffé ses ambitions : «J'y vais avec l'objectif de ramener une médaille d'or.» Si elle place la barre haut, c'est que depuis Sotchi, elle a garni son palmarès de deux médailles mondiales et de douze podiums en coupe du monde (pour deux victoires). Malgré un passage à vide après les Jeux. «Après la médaille je me sentais trop attendue, je me mettais trop la pression. Je me disais qu'il fallait absolument que je confirme et je n'arrivais plus à retrouver ce snowboard libéré que je pouvais avoir avant», reconnaissait-elle en 2016 à Paris Match. A Pyeongchang, elle sait qu'elle sera attendue. Bien consciente que chaque détail compte, la snowboardeuse née à Bourg-Saint-Maurice (Savoie) s'est préparée minutieusement pour ce grand rendez-vous. «J'ai tout mis en œuvre pour être forte ce jour-là», assure-t-elle. Une chose est sûre : la piste lui convient. C'est ici qu'elle avait remporté sa première victoire en coupe du monde, en 2016. «C'est un parcours technique qui correspond à mes qualités», conclut-elle. (Photo AFP)
Sa course à Sotchi :
Natalie Geisenberger (Allemagne, luge), la star
Natalie Geisenberger est le pendant féminin de Felix Loch. La lugeuse allemande domine sa discipline depuis plusieurs années. Elle a remporté les cinq dernières éditions de la coupe du monde et a été sacrée championne du monde à trois reprises en individuel. Surtout, elle est championne olympique en titre. A Sotchi, elle avait écrasé la concurrence, en remportant les quatre manches et en repoussant la deuxième, Tatjana Hüfner à plus d'une seconde. Un véritable gouffre en luge. Elle s'était également imposée en relais. Pourtant, avant de devenir la star de sa discipline, Natalie Geisenberger a dû apprendre les vertus de la patience. Au début de sa carrière, elle est longtemps restée dans l'ombre de sa compatriote, Tatjana Hüfner, terminant quatre fois consécutivement sur la seconde marche du podium du classement général de la coupe du monde, entre 2009 et 2012. Les rôles se sont depuis inversés. Pour autant, l'Allemande de 29 ans n'est pas (totalement) imbattable. Aux derniers championnats du monde à Igls (Autriche), elle n'a pris qu'une décevante sixième place, après une première manche complètement ratée (17e). L'an passé, lors de l'épreuve pré-olympique de Pyeongchang, elle a été devancée par la Russe Tatyana Ivanova. Alors peut-elle être détrônée en Corée du Sud ? Une chose est sûre : Natalie Geisenberger connaît bien la piste coréenne, même si elle n'en raffole pas : «Au début, je pensais que c'était un désastre. Mais au fil du temps, j'ai compris la piste et je suis très optimiste.» (Photo AFP)
Chloe Kim (Etats-Unis, snowboard), la surdouée
A 17 ans, Chloe Kim sera l'une des plus jeunes athlètes des Jeux. Mais pas la moins dangereuse, loin de là. A vrai dire, elle est même considérée comme la favorite de l'épreuve de half-pipe. Celle qui était trop jeune - mais avait le niveau - pour participer aux Jeux de Sotchi, est particulièrement excitée à l'idée de «rider» dans le tube de Pyeongchang, berceau de sa famille maternelle : «Je trouve ce half-pipe merveilleux. Je viens voir toute la famille du côté de ma mère (grand-mère, tante, cousins) qui vit en Corée, depuis que je suis toute petite, donc ça va être génial de pouvoir concourir ici ! J'attends cela avec beaucoup d'impatience, et pendant les Jeux, j'espère seulement faire un bon run et être contente de ma performance; là est mon principal objectif.» Quel que soit son résultat en février, Chloe Kim a déjà marqué l'histoire de son sport, en 2016, lorsqu'elle est devenue la première femme à réussir deux 1080 de suite (saut avec rotation de trois tours complets) en 2016. Un exploit qui lui a permis de décrocher la note maximale, 100. Une performance qui n'avait été réalisée que par la légende Shaun White, aux X-Games de 2012. Après avoir éclaboussé les Jeux olympiques de la jeunesse de Lillehammer (2016) de toute sa classe (deux médailles d'or), l'Américaine entend bien montrer à ses aînées qu'elle est, du haut de ses 17 printemps, déjà la reine de la discipline.
Lindsey Vonn (Etats-Unis, ski alpin), l’inusable
Un grand cri de joie avant de basculer en arrière, les bras en croix et la tête dans les étoiles. Nous sommes en 2010 et Lindsey Vonn vient de remporter haut les spatules la descente des JO de Vancouver malgré une blessure tenace au tibia. La plus grande joie de sa carrière de skieuse : «Être championne olympique, c'est incroyable. C'est la plus belle émotion que j'ai pu ressentir. C'est dingue», déclarait en larmes celle qui remportait quelques jours plus tard la médaille de bronze du super G. Quatre ans plus tard, elle n'est toujours pas blasée des podiums, qu'elle fréquente assidûment et depuis longtemps. En 2003, elle n'a que 19 ans lorsqu'elle y monte pour la première fois au niveau international. Quinze ans et 81 victoires de coupe du monde plus tard, Lindsey Vonn conclut de la meilleure des façons la préparation de ses quatrièmes jeux (les premiers en 2002 à Salt Lake, elle avait dû déclarer forfait pour ceux de Sotchi) en s'imposant à deux reprises lors des descentes de Garmisch-Partenkirchen (Allemagne) la semaine précédent le début de la compétition. «Ça ne pourrait pas aller mieux. Deux victoires ici, c'est vraiment génial. Ça a été un week-end parfait. C'est exactement la préparation que j'espérais pour aller en Corée du Sud». Entre-temps, la patronne a également remporté 20 globes de cristal. Un record absolu dans l'histoire du ski alpin. Et le fruit d'un entraînement intensif comme en témoigne cette vidéo (Photo AFP) :
Les pom-pom girls nord-coréennes, les curiosités
Elles sont 230, triées sur le volet pour leur plastique avantageuse, vitrine d'une «diplomatie souriante» de la Corée du Nord. Une «Armée de beautés», comme la surnomme la Corée du Sud. Choyées par le régime, leur venue aux JO constitue un événement diplomatique en soi. Et les autorités nord-coréennes ne veulent prendre a priori aucun risque. Pour les protéger sans doute de l'engouement qu'elles devraient susciter, à moins que ce ne soit pour les bunkeriser, ces pom-pom girls seront donc logées loin, très loin (à plus de 120 km) de l'effervescence de Pyeongchang. Un choix dicté sans doute aussi par le souci de maîtriser les apparitions de ces jeunes femmes, de pouvoir les surveiller aussi, et de leur éviter une quelconque tentation… Cette armée, crée systématiquement l'événement quand Pyongyang la déploie à l'occasion d'événements sportifs. Une manifestation toujours déroutante dans le cadre diplomatique, surtout dans un contexte de menaces d'apocalypse nucléaire. Ces jeunes supportrices sont pourtant une institution en Corée du Nord, au point que la femme de Kim Jong-un elle-même, Ri Sol-ju, fut membre du groupe qui avait accompagné la délégation nord-coréenne aux championnats d'Asie d'athlétisme de 2005 à Incheon. Toutes plus ou moins âgées d'une vingtaine d'années, elles sont choisies par le régime sur des critères précis. «Elles doivent faire plus de 1,63 m et provenir d'une bonne famille, a expliqué à l'AFP un transfuge nord-coréen. Beaucoup étudient à l'Université d'élite Kim Il-sung.» Des pom-pom girls du Nord étaient pour la première fois apparues au Sud en 2002 lors des Jeux asiatiques de Busan. En 2005, l'ancienne pom-pom girl nord-coréenne Cho Myung-ae, dont la beauté avait fait une énorme impression au Sud, était apparue dans un spot publicitaire de Samsung au côté de Lee Hyo-ri, une star de la pop sud-coréenne. Pas sûr que les membres de la promo 2018 de l'Armée des beautés profitent d'une telle liberté. L'histoire (à moins que ce ne soit la légende) veut que 21 de leur prédécesseuses aient fini en camp de travail. Leur crime? Avoir raconté ce qu'elles avaient vu lors d'un voyage en Corée du Sud en 2005.
Marissa et Hannah Brandt (sud-coréenne et américaine, hockeyeuse): les sœurs
Des histoires de frangins qui jouent ensemble en équipe nationale, il y en a un paquet. Les soeurs Brandt, elles, jouent pour des sélections différentes. Pourtant, les deux jeunes femmes ont été élevées et ont commencé à patiner ensemble. Mais Hannah défendra les couleurs des Etats-Unis alors que sa grande sœur Marissa, adoptée par la famille Brandt au début des années 90, jouera avec l'équipe coréenne. Qualifiée d'office pour les JO en tant que pays organisateur, la Corée, qui manquait de hockeyeuse, est allée chercher Marissa afin de former l'équipe la plus compétitive possible pour ses Jeux. Une opportunité que la jeune femme n'a pas voulu laisser passer. «J'étais très excitée et curieuse tout autant que nerveuse, et je ne savais pas à quoi m'attendre», déclarait celle qui aura son dossard floqué Park Yoon-jung, le nom retrouvé sur ses papiers d'adoption, «son seul lien avec la Corée». La jeune fille de 24 ans est l'une des trois recrues «étrangères» de l'équipe coréenne de hockey. «On blague toujours en se demandant qui nos parents supporteraient en cas de confrontation», s'amusent les jeunes filles. Cependant, les deux équipes n'étant pas dans la même poule et la probabilité que la Corée ne se hisse au-delà du premier tour étant très mince, le duel meurtrier entre les deux frangines pourrait ne jamais avoir lieu. (Photo AFP)
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