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Après l'or, Fourcade a «encore des ambitions»

Les Jeux de Pyeongchangdossier
En remportant lundi le titre de champion olympique de poursuite en biathlon, le Pyrénéen gagne la troisième médaille d'or olympique de sa carrière, ce qui lui permet de rejoindre Jean-Claude Killy en tant que sportif français le plus titré de l'histoire des JO d'hiver.
Martin Fourcade à l'arrivée de la poursuite de Pyeongchang, le 12 février. (Photo Jonathan Nackstrand. AFP)
publié le 12 février 2018 à 17h34

On jurerait qu'il y a mis un supplément de hargne, comme s'il voulait faire payer quelque chose à quelqu'un. En remportant lundi une épreuve de la poursuite qu'il avait déjà dominée à Sotchi en 2014, le biathlète Martin Fourcade est devenu l'athlète français le plus titré aux Jeux d'hiver : trois ors olympiques, ce qui l'amène à la hauteur de Jean-Claude Killy avec quatre épreuves (dont deux individuelles, l'individuel jeudi et la mass start de dimanche) restant à disputer à Pyeongchang. Huitième du sprint la veille alors qu'il était monté sur le podium de ses dix-huit courses précédentes, le Pyrénéen a dévoré ses concurrents sur les skis en plus de les écraser comme à chaque fois sur le pas de tir : une seule faute sur vingt tentatives quand ses adversaires arrosaient joyeusement le décor dans un froid glacial.

Il en a terminé seul, en roue libre et un drapeau français dans la main gauche sur les quatre-vingts derniers mètres. «Il y a quatre ans, c'était le bouchon de champagne qui sautait mais l'émotion n'est pas moins forte, a-t-il expliqué ensuite. C'est la folie quand je vois tout le monde en tribune. Je pensais avant tout à faire un podium et j'avais dit que j'aurais du mal à être déçu avec cinq médailles d'argent. Mais ce titre va rendre la suite plus facile.»

«Vent»

Au fond, ce n'est pas sa victoire en poursuite devant le Suédois Sebastian Samuelsson (2e) et l'Allemand Benedikt Doll (3e), bien dans sa manière habitée et autoritaire, qui étonne, mais bien la 8e place de dimanche avec trois fautes au tir couché, censément plus stable que le tir debout où le Pyrénéen de 29 ans n'avait rien raté. Après son échec, Fourcade avait dit qu'il n'y comprenait rien, invoquant «sans doute une mauvaise gestion du vent». Son entraîneur, Stéphane Bouthiaux, avait exprimé le même désarroi.

Avant de lâcher en toute fin de soirée à un reporter de l'Equipe : «Le vent s'est levé quand Martin s'est installé sur le pas de tir.» Ou pas, si l'on a bien compris, tant le camp tricolore est apparu désarmé par ce triple échec.

«Bonne journée»

Le point remarquable est que cela n'a eu aucune incidence sur la suite de la compétition comme le pressentait le médaillé d'argent de lundi, Samuelsson, qui voyait Fourcade gros comme une maison sur la poursuite malgré son échec initial : le Français n'a pas versé dans la psychose, il s'est dit que le tir n'est pas soumis à des forces capricieuses ou magiques comme il s'était dit que la malédiction du porte-drapeau n'avait aucun fondement rationnel avant d'accepter cette charge et la machine s'est remise en route jusqu'à la victoire finale. «J'ai tout mis dans le dernier tir, a expliqué le triple champion olympique ensuite. On a l'impression que le tir, c'est un sport de gros qui fume des clopes, mais c'est un sport qui coûte une énergie folle. Aujourd'hui, je l'ai vraiment ressenti. J'étais dans une bonne journée sur les skis, je n'en ai pas donné plus que nécessaire dans le dernier tour, mais le dernier tir m'a complètement vidé.»

Puis : «Il y a quatre ans, j'avais payé mes titres sur la fin des Jeux en tombant malade. Ce sont des erreurs que je vais essayer de ne pas refaire. J'ai encore des ambitions à titre individuel et avec l'équipe.» Froid comme une lame.