Ainsi donc, les snowboardeurs savent aussi skier... Le titre olympique du super-G remporté à la surprise générale par la Tchèque Ledecka devant les stars de la discipline comme l’Américaine Lindsey Vonn va marquer l’histoire, comme le second titre en patinage artistique du Japonais Hanyu, samedi aux JO 2018 de Pyeongchang.
La matinée n’a pas souri à la France, avec aucune médaille tombée dans l’escarcelle tricolore. Les skieuses n’ont pas brillé, toutes entre la 19e place de Romane Miradoli et la 28e place de Tessay Worley, avec Jennifer Piot (20e) et Tiffany Gauthier (22e) intercalées.
Le meilleur espoir de récompense était la benjamine de la délégation française, Tess Ledeux, 16 ans. Mais la championne du monde en titre de slopestyle en ski acrobatique est passée à côté de ses premiers Jeux olympiques avec une élimination dès les qualifications. De quoi refuser d'évoquer sa déception devant la presse. «Tess n'a que 16 ans, elle reviendra», aura sans doute été le commentaire de ses proches le plus entendu de la matinée.
Incrédule
L’autre mot aura été: incroyable ! Car c’est bien ce qui s’est produit lors du super-G dames de ces JO. Double championne du monde de snowboard et désormais championne olympique de ski alpin: Ester Ledecka a brisé les barrières en Corée du Sud, à sa plus grande surprise. Partie avec le dossard 26, et alors que la course s’apprêtait à sacrer de nouveau l’Autrichienne Anna Veith - médaille d’or du super-G à Sotchi il y a quatre ans sous son nom de jeune fille Fenninger - Ledecka est restée de longues secondes immobile dans l’aire d’arrivée, incrédule devant le tableau d’affichage.
Pour un centième de seconde, soit l’équivalent de 25 centimètres sur un parcours de 2010 m, Ledecka a fait basculer le ski alpin dans une autre dimension. Le snowboard lui avait jusqu’à présent donné deux titres: en 2015 en slalom parallèle, puis en 2017 en slalom géant parallèle. Le ski alpin la consacre désormais reine des neiges. Et ce n’est peut-être pas fini. Car la Tchèque peut également devenir la grande star de ces JO la semaine prochaine, lorsqu’elle participera au slalom parallèle de snowboard des Jeux. Avec l’étiquette de favorite bien sûr ! Ce n’est qu’en 2015 que la Tchèque, première de son pays au passage à inscrire son nom au palmarès olympique, a débuté sur le circuit de Coupe du monde de l’alpin. Avec jusqu’alors une réussite mesurée: aucun podium.
«Je pensais que c'était une erreur de chronométrage. Mais tout le monde autour de moi, dans la tribune, criait, alors je me suis dit: "tout est vrai"», a expliqué la Tchèque... qui avait gardé son masque pour affronter les journalistes. «Je ne l'enlève pas car c'est mon sponsor», s'est-elle justifiée. Mais le règlement olympique est plutôt strict quant à la visibilité des sponsors personnels... Relancée, Ledecka a alors tout de suite livré une autre version: «Ma victoire n'était pas prévue et je ne suis pas maquillée»...
Journalist: “Why are you wearing goggles?”
— Megan Harrod (@megansharrod) February 17, 2018
Ester Ledecká: “I was not as prepared as the other girls to be on the podium, so I didn’t have any makeup!” 💄💁🏻♀️
This is an #olympic story! My God! So stoked for Ester and the Czech Republic - my 2nd country! #Ledecka @fisalpine pic.twitter.com/5z6NZWX0QS
La superstar Lindsey Vonn, qui cumule 81 succès en Coupe du monde, n’a elle rien pu faire samedi. L’Américaine, qui partait en premier, a réussi un parcours parfait... jusqu’à un écart fatidique qui l’a propulsée hors de la trajectoire ultime. Autant de précieux centièmes perdus qui la privent sans doute du titre, puisqu’elle termine malgré tout 6e à 38 centièmes de Ledecka.
Un mouchoir de poche
La course fut donc ébouriffante, en témoigne cette statistique: les cinq premières se sont tenues en 16 centièmes. Un mouchoir de poche ! A 50 km de là, sur la glace de Gangneung, ce sont les mouchoirs tout court qui ont été agités en patinage artistique, où l’émotion était grande de voir le Japonais Yuzuru Hanyu conquérir un nouveau titre olympique après celui de 2014. Deux titres consécutifs dans cette discipline, cela n’avait plus été fait depuis 1952 et l’Américain Dick Button. L’histoire est d’autant plus belle que Hanyu était arrivé en Corée du Sud sans aucune certitude, amoindri par une blessure à une cheville il y a trois mois.
Le concours a également été marqué par l’incroyable remontée au classement de la nouvelle pépite du patinage américain Nathan Chen, 18 ans. Alors qu’on pensait ses espoirs de médaille envolés après sa 17e place du programme court complètement raté, il a produit un programme libre exceptionnel avec six quadruples sauts, qui lui a valu le record du plus haut score technique, insuffisant toutefois pour rattraper son retard. Il termine finalement à la cinquième place.
Eternelle Björgen
Autre moment pour l’histoire, le titre du relais norvégien féminin en ski de fond qui permet à Marit Björgen de rejoindre son compatriote biathlète Ole Einar Björnadalen en tant qu’athlète le plus médaillé de l’histoire des JO d’hiver (13 podiums). Björgen possède encore deux chances de continuer sa moisson, avec le sprint par équipes et le 30 km.