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Libération

Ester Ledecká, ski de conscience

publié le 18 février 2018 à 20h06

Tremblement de terre sur le cirque blanc : samedi, le titre olympique du Super-G est revenu… à une snowboardeuse, la Tchèque Ester Ledecká, jamais mieux que 19e dans la discipline en Coupe du monde. Un peu comme si le champion du cracher de noyau de pêche était champion du monde du lancer du poids. Certes, Ledecká s'astreint depuis quatorze ans à un double entraînement («Si mon coach avait refusé, j'aurais changé de coach», expliquait-elle en novembre au New York Times) mais ses résultats en alpin et en snowboard, où elle est double championne du monde, sont pour le moins asymétriques.

Dans l'aire d'arrivée, on se perdait en conjecture sur une mystérieuse rafale de vent qui lui aurait permis de dominer pour un centième l'Autrichienne Anna Veith (ex-Anna Fenninger, médaillée d'or en Super-G à Sotchi). Mais même comme ça… Ester Ledecká elle-même a d'abord pensé à une erreur de chronométrage. Avant d'apparaître avec son masque de course devant la presse : «Je ne l'enlève pas, c'est mon sponsor.»

Un argument à risque dans un univers aussi codifié sur les partenariats que celui des Jeux : elle s'est donc reprise en expliquant qu'elle n'était pas «maquillée» : «Ma victoire n'était pas prévue.» Sur sa course : «Je ne sais pas, je descends juste de la montagne le plus vite possible.» Pourquoi pas.

Après tout, elle n’a que 22 ans : difficile de savoir si un athlète n’a pas fini de pousser les murs à cet âge-là, surtout dans une discipline où les sensations et la lecture (donc l’expérience) prennent une telle importance, Ledecká ayant par ailleurs un début de référence en descente avec une septième place à Lake Louise (Canada) cet hiver. N’empêche : le fait qu’un Super-G olympique s’offre à la première venue ou presque n’est pas le signe d’une santé resplendissante pour le ski de vitesse féminin. Mais ça, on imagine que Ledecká s’en fiche royalement.