Improbable. Aux Jeux de Pyeongchang, le curling s'est découvert un goût prononcé pour l'effet de surprise. A ceux qui l'imaginaient destiné aux seuls maniaques de la poussière, il a révélé que le dopage y gagnait du terrain. Au 10e jour de la quinzaine, dimanche, un Russe connu dans le milieu pour jouer de la pierre et du balai avec son épouse Anastasia a été épinglé par la brigade antidopage : Alexander Krushelnytsky aurait avalé du meldonium. Moins visible que d'autres disciplines, le tournoi de curling cache pourtant une furieuse bataille technologique.
Bricolé. L'objet de toutes les convoitises se nomme SmartBroom : le «balai intelligent». Utilisé par huit des treize nations présentes aux JO, il permettrait au curleur de connaître la puissance et la vitesse de ses coups de manche. En clair, son efficacité. L'engin est équipé de quatre capteurs dont les données sont envoyées dans un boîtier fixé au-dessus de la tête du balai. Sa manœuvre accomplie, le joueur peut découvrir son indice de performance. L'invention est canadienne. Le New York Times raconte qu'elle a germé dans l'esprit d'un ancien coach d'une équipe de juniors de l'Ontario, Will Hamilton, fatigué d'entendre ses compagnons de balayage disserter sans fin sur les secrets d'un bon coup de manche : vitesse ou puissance, rapidité d'exécution ou force imprimée sur la glace. Aidé par deux potes passés par une école d'ingénieurs, le Canadien a bricolé dans son sous-sol, jusqu'à concevoir le SmartBroom. Prix de vente : 3 000 dollars. Intelligent mais coûteux. Aux Jeux de Sotchi en 2014, l'équipe canadienne en avait l'exclusivité. Elle a raflé les deux médailles d'or. A Pyeongchang, l'engin miracle est rangé dans l'armoire à balais de toutes les grandes nations de la discipline.
Phoque. Aux Jeux d'hiver, la technologie se niche partout. Pas étonnant en Corée du Sud, où le fleuron national Samsung ne pouvait pas rester à l'écart. La marque coréenne a distribué à tous les athlètes, en guise de cadeau de bienvenue, une édition olympique du Galaxy Note 8. Elle a également glissé sous la tenue lisse comme une peau de phoque des patineurs de vitesse néerlandais, quasi invincibles, sa dernière trouvaille, le SmartSuit, la combinaison intelligente. Elle est équipée de capteurs destinés à mesurer la position des athlètes : hanches, épaules, bassin… Les données sont transmises en temps réel aux smartphones des entraîneurs. En retour, ils peuvent signaler à leurs protégés, par un système de codes sensitifs, l'imperfection à corriger. Précision : la combi du futur est seulement autorisée à l'entraînement. En compétition, elle relèverait du dopage technologique.
Le reste est à l’avenant. Une marque californienne de cyclisme et sports de neige, Giro, équipe les skieurs américains d’un casque conçu pour une protection maximale contre les chocs. Il réduirait les effets de rotations de la tête et du cou lors d’une chute à grande vitesse. Il limiterait également l’impact des piquets que les slalomeurs boxent comme des sacs de cuir pour mieux tracer tout droit.
Guerre. L'entreprise sud-coréenne Daelim, choisie par les organisateurs pour dessiner et construire la piste de bobsleigh, a quant à elle fait poser un toit allant du départ à l'arrivée. Il assure des conditions égales par tous les temps et pour tous les équipages. Pluie, neige, soleil ou vent, les bobeurs peuvent glisser à l'abri.
Ailleurs, une équipe de la Nasa, renforcée par des scientifiques venus de onze pays, s’est déployée sur tous les sites olympiques. Sa mission : enregistrer un maximum d’infos pour aider à prédire les chutes de neige. Les experts ont localisé seize points de mesure, dont ils relèvent les données toutes les six heures, et cela jusqu’à la fin des Jeux paralympiques (le 18 mars).
Nouveau venu dans le cercle fermé des partenaires exclusifs du CIO, le groupe chinois Alibaba promet aux futurs JO un voyage dans une autre dimension. Géant mondial du commerce en ligne et du «cloud», il a dépêché à Pyeongchang un bataillon de 200 à 300 personnes. «Nous pourrons bientôt proposer un village des athlètes plus connecté et plus intelligent», a annoncé Jack Ma, son fondateur et président, à la veille de la cérémonie d'ouverture. Son arme de guerre, baptisée Sports Brain, pourra collecter et mémoriser toutes les données des Jeux, depuis les fiches des athlètes jusqu'au maillage des navettes, en passant par le traitement des résultats et la gestion de la billetterie. «Nous avons rencontré les gens d'Alibaba, confie Etienne Thobois, le directeur général de Paris 2024. Avec eux, nous pourrons faire mieux et moins cher.» L'autre rêve olympique.