NBC peut respirer. Au 13e jour des Jeux de Pyeongchang, mercredi, le taux d'audience de la chaîne américaine est remonté. Enfin. La matinée olympique, diffusée la veille au soir en prime time aux Etats-Unis, décalage oblige, a rassemblé 20,5 millions de téléspectateurs. Pour la première fois depuis le début de l'événement, l'audimat dépasse le score enregistré quatre ans plus tôt aux Jeux de Sotchi, où la même journée avait attiré 18,9 millions de personnes devant leur écran.
La chaîne américaine le doit à une enfant du pays, Lindsey Vonn, la plus bankable des skieuses du circuit. Pour sa dernière descente olympique, l'Américaine a laissé la victoire à l'Italienne Sofia Goggia, tellement retournée par son succès qu'elle a avoué être «prête à exploser comme un volcan». Mais les larmes de Lindsey Vonn, submergée par l'émotion après avoir décroché la médaille de bronze, ont fait fondre le public américain. L'audimat a retrouvé des couleurs. Il était temps.
Aux Jeux de Pyeongchang, les femmes assurent le show. Les hommes regardent. Elles créent l’événement, ils comptent les points. Le phénomène a débuté dès l’ouverture. Vendredi 9 février, Kim Yo-jong, la sœur cadette du leader nord-coréen, a pris place avec des airs d’enfant sage dans la tribune VIP du stade de Pyeongchang. Elle n’a pas dit un mot, mais sa poignée de mains à l’adresse de Moon Jae-in, le président sud-coréen, a occulté tout le reste. Mike Pence, le vice-président américain, assis à sa gauche, n’a pas pu retenir une grimace.
Sandwich
A Alpensia, la jeune Américaine Chloe Kim a survolé l'épreuve du halfpipe sans laisser à ses rivales l'ombre d'une illusion. A 17 ans, elle a raflé la mise, grâce notamment à deux 1080 (saut avec rotation de trois tours complets) à son second run. Entre les qualifications et la finale, elle a régalé les Jeux de ses tweets, où elle a raconté vouloir manger une glace avant tout autre chose. En finale, elle a remis le couvert, tweetant entre deux manches : «J'aurais dû finir mon sandwich au petit-déjeuner, mais étant bornée, je ne l'ai pas fait. Maintenant, j'ai faim et je suis énervée.» Les médias ont adoré. Ses sponsors ont apprécié. Le public en a chaviré de plaisir. Chloe Kim est née en Californie de parents sud-coréens.
Au bobsleigh, l'épreuve féminine a livré un verdict sans surprise : Allemagne, Etats-Unis et Canada. Mais les spectateurs ont retenu leur souffle au passage de l'équipage nigérian, le premier bob à 2 africain présent sur une piste olympique. Seun Adigun et Ngoz Onwumere ont bouclé la course à la vingtième et dernière place. Mais face à l'afflux de demandes médiatiques, Habu Gumel, le président du Comité national olympique, a dû tenir une conférence de presse avec les deux athlètes. «Au Nigéria, tout le monde attend leur retour pour les accueillir en héroïnes, a confié le dirigeant. Le gouvernement et la population sont très fiers de ce qu'elles ont accompli. Elles ont ouvert une porte. Nous reviendrons aux Jeux d'hiver, pas seulement en bobsleigh.»
Le CIO a fait ses comptes : les Jeux de Pyeongchang se révèlent les plus féminins de l'histoire. «Les femmes représentent 42% du nombre d'athlètes engagés, explique Mark Adams, le porte-parole de l'institution. Aux Jeux de Tokyo en 2020, nous en serons à 48,8%. Mais nous aurons la parité parfaite en octobre prochain aux Jeux de la Jeunesse à Buenos Aires.» Présidente de la commission des athlètes du CIO, l'Américaine Angela Ruggiero veut bien jurer que l'avenir de l'olympisme sera féminin. «Pour la première fois de l'histoire, la dernière journée des Jeux de Pyeongchang proposera deux épreuves féminines (finale du curling et 30 km de ski de fond), et deux masculines (bob à 4 et finale du hockey), détaille-t-elle. A chaque fois qu'une nouvelle discipline féminine ou mixte est intégrée au programme, nous constatons un impact sur sa pratique en dehors des Jeux. La participation augmente, et avec elle le soutien financier aux compétitrices.»
Aux Jeux de Pyeongchang, les athlètes étaient invités à élire deux nouveaux représentants au sein du CIO, parmi les candidats des sports d’hiver. Le résultat du vote est tombé jeudi 22 février. La hockeyeuse finlandaise Emma Terho et la fondeuse américaine Kikkan Randall sont sorties en tête du suffrages. Deux femmes. Bingo. Samedi, Alina Zagitova et Evgenia Medvedeva se disputeront la victoire dans l’épreuve féminine de patinage artistique. La gagnante offrira sa première médaille d’or à l’équipe des «Athlètes olympiques de la Russie», toujours dans l’attente d’un titre. Un événement. Le lendemain, Ivanka Trump poussera la porte du stade de PyeongChang pour la cérémonie de clôture. Elle est annoncée en tête de cortège de la délégation officielle américaine. Thomas Bach, le président du CIO, et toutes les autres têtes couronnées de la tribune d’honneur, n’y pourront rien : tous les regards seront sur elle.