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Libération
Du balai

La Corée du Sud s'enthousiasme pour ses curleuses

Les Jeux de Pyeongchangdossier
Qualifiées pour la finale, la «Team Kim» a déjà réussi l'exploit de rendre populaire dans son pays une discipline inconnue avant les JO.
Les Sud-Coréennes fêtent leur qualification pour la finale, vendredi. (Photo Wang Zhao. AFP)
publié le 23 février 2018 à 19h12

Marquer l’histoire du sport asiatique, c’est le défi qui attend les curleuses sud-coréennes. Dimanche sur les coups de 1h05 (heure française), les athlètes de la nation hôte de ces JO d’hiver peuvent réaliser une performance inédite.

Au bout d’une onzième manche âprement disputée en demi-finale, les joueuses de curling sud-coréennes sont venues à bout du Japon, ravivant l’engouement qu’elles suscitent depuis le début des Jeux. En finale, elles ne partiront pas favorites contre la Suède, mais qui sait ? La «team Kim» a déjà réussi un exploit en rendant cette discipline populaire dans un pays qui l’a découverte à l’occasion de ces Jeux.

«Kolling»

Pourquoi «team Kim» ? Parce que toutes ses joueuses portent ce nom, patronyme le plus répandu en Corée : et Kim Eun-jung, Kim Seon-yeong, Kim Kyeong-ae, Kim Yeong-mi et Kim Cho-hi sont entraînées par… Kim Min-jung. Une entraîneuse qui ne manque pas d'enthousiasme : «Nous avons toujours voulu rendre ce sport plus populaire et nous sommes heureuses d'en arriver là.»

Mais avant de soutenir la «team Kim», la Corée s'est d'abord moquée de son équipe de «kolling» (comme on dit dans le pays). Les trolls s'en sont donnés à cœur joie sur les réseaux, riant notamment des fameux «Yeong-mi ! Yeong-mi !» passionnés de la capitaine Eung-jung lancée à l'adresse de sa coéquipière, affairée au balai. Un succès populaire qui, au regard du quotidien de ces athlètes, semblait inespéré.

«Garlic Girls»

C'est isolées dans la petite ville de Uiseong, centre rural de la Corée plus connue pour sa production d'ail que les curleuses ont pu développer leur talent. Une fois les JO attribués, le gouvernement coréen, qui souhaitait voir ses athlètes y briller dans toutes les disciplines et pas seulement en short-track, y a mis en place un centre de curling, permettant ainsi aux jeunes du coin d'ouvrir leur avenir à autre chose qu'un champ agricole. L'autre surnom de la team Kim, c'est d'ailleurs les «Garlic Girls» (les filles de l'ail). Elles n'apprécient pas trop : «Nous n'aimons pas l'ail. Nous préférons nous appeler Team Kim». Pourtant, elles aiment ça les surnoms goûtus, puisque selon ce qu'elles avalent au petit-déjeuner, elles s'appellent «Pancake», «Yogurt», «Steak», «Cookie» et «Sunny».

«Leurs surnoms sont si drôles !» réagit Oh Ja-young, un spectateur de Bundang, près de Séoul. «Mais si elles n'étaient pas aussi fortes, je n'y aurais pas prêté attention.» Et c'est parce qu'elles sont talentueuses que le peuple coréen espère créer l'exploit et brandir le «taegeukgi» (le drapeau national) pour fêter le succès coréen le plus improbable de ces Jeux.