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JO

Pyeongchang, la saveur des anneaux

Si ce n’est le manque d’ambiance, la Corée du Sud a réussi ses JO, marqués par un nouveau record de médailles norvégien et le feuilleton russe.
Marit Bjoergen, dimanche. (Photo Reuters)
publié le 25 février 2018 à 19h46

Clap de fin pour les Jeux de Pyeongchang. Le rideau est tombé dimanche sur des JO d'hiver entrés dans l'histoire, avec une participation record de 2 920 athlètes représentant 92 nations (même si l'universalité des JO d'hiver reste très relative). Que restera-t-il de ces premiers Jeux d'hiver en Corée du Sud ? Quelles images conserver d'une quinzaine olympique où l'organisation a été d'une saisissante précision, mais sans pouvoir masquer le manque d'ambiance ? La réponse en cinq leçons.

La Norvège au sommet

Le drapeau rouge et bleu de la Norvège a flotté sur les Jeux du troisième au dernier jour. Un premier titre décroché le 11 février en ski de fond, dans l’épreuve du skiathlon, par Simen Hegstad Krüger. Un dernier ramassé dans l’ultime course des Jeux, dimanche, par Marit Bjoergen au terme du 30 km de ski de fond. A 37 ans, la «femme de fer» du ski nordique s’est offert une place dans le livre des records. Avec 15 médailles olympiques en six participations, elle devance ses compatriotes Ole Einar Bjoerndalen (13) et Bjoern Dæhlie (12) au classement des athlètes les plus récompensés aux Jeux d’hiver. Forte d’une population de seulement 5 millions d’habitants, la Norvège a empoché 39 médailles, autre record olympique, et fait la nique à l’Allemagne (31), le Canada (29) et les Etats-Unis (23). Elle devance la concurrence au nombre des médailles comme à celui des victoires (14). Un triomphe.

La France en faux progrès

Denis Masseglia, le président du Comité national olympique, avait oublié toute prudence en évoquant, à la veille des Jeux, un objectif de 20 médailles pour la France. Ambitieux. Les Bleus en ont décroché 15, dont 5 en or, un résultat qui égale le record établi il y a quatre ans aux Jeux de Sotchi. Seulement voilà, le programme s’est enrichi de six nouvelles épreuves, en snowboard, patinage de vitesse et curling. Les Français n’en ont pas profité. La France se glisse au neuvième rang du tableau des nations, entre la Suisse et l’Autriche. Satisfaisant, mais un rien décevant. A lui seul, le biathlon a ramené cinq médailles, dont trois titres pour Martin Fourcade. Le ski alpin s’est montré timide (3), le ski acrobatique (2) et le snowboard (2) ont fait un pas en arrière. Les sports de glace ont apporté à l’édifice une toute petite pierre (l’argent pour les danseurs Papadakis et Cizeron).

La Corée unifiée et médaillée

Les Sud-Coréens ont réussi leurs Jeux. Le défilé commun des deux Corées à la cérémonie d’ouverture a créé un buzz planétaire. L’équipe féminine unifiée de hockey est entrée dans l’histoire. Les organisateurs ont juré avoir dépassé leurs objectifs de billetterie, avec plus d’un million de places vendues (1 078 562), n’en déplaise à l’impression laissée par des tribunes souvent peu remplies. Lee Hee-beon, le patron des Jeux, a assuré dimanche que l’événement ne laisserait pas de déficit, malgré un coût de revient de 13 milliards de dollars (10,6 milliards d’euros). Les volontaires, pour la plupart jeunes et anglophones, se sont révélés d’une efficacité rarement rencontrée. Les navettes ont roulé à l’heure. La sécurité a été d’une extrême discrétion, mais sans un seul incident relevé.

Avec 17 médailles, dont 5 en or, la Corée du Sud pointe au septième rang. Ses spécialistes du short-track ont laissé échapper quelques breloques, mais les quatre bobeurs ont offert au pays sa première médaille de l’histoire dans la discipline, en argent. Surtout, l’équipe féminine de curling, surnommée «Team Kim» (ses cinq joueuses portent le même patronyme), a glissé sa pierre jusqu’en finale. La Suède les a privées du titre, mais les «garlic girls», originaires de la ville d’Uiseong, connue pour sa production d’ail, resteront dans l’album des Jeux.

La Russie toujours écartée

A l'ouverture, la délégation des «athlètes olympiques de Russie» comptait 168 membres. A la clôture, elle en recensait deux en moins. Dans l'intervalle, le curleur Alexander Krushelnitsky et la pilote du bob à deux Nadezhda Sergeeva ont été rattrapés par la brigade antidopage. Le CIO n'a pas apprécié. Conséquence : la suspension du Comité olympique a été maintenue, après un vote unanime des membres de l'institution olympique. Les Russes ont raflé 17 médailles, dont 2 en or. Dimanche, ils sont allés chercher au bout du suspense, en prolongation, la victoire en finale du hockey masculin. Un titre célébré sans hymne ni drapeau. «Mais tout le monde sait bien que nous sommes russes», ont claironné les joueurs.

La Tchéquie et sa star inopinée

La star des Jeux ne s'était pas fait annoncer. En s'imposant pour un centième dans le super-G, le 17 février, malgré un dossard élevé (26), la Tchèque Ester Ledecka a créé l'une des plus formidables sensations des Jeux. Puis elle a amusé la galerie en conférence de presse, refusant de retirer son masque, avant d'avouer : «Je ne pensais pas me retrouver là, je ne me suis pas maquillée.» Huit jours plus tard, elle a remis le couvert en snowboard, dans le géant parallèle. A Pyeongchang, elle est devenue la troisième athlète de l'histoire, mais la première femme, médaillée d'or aux Jeux d'hiver dans deux disciplines différentes. Ses prédécesseurs : les Norvégiens Johan Groettumsbraten, en 1928, et Thorleif Haug en 1924, titrés en ski de fond et combiné nordique. Une autre époque.