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Cyclisme

Paris-Nice : un spectacle bien huilé

Les Espagnols Omar Fraile, Marc Soler (au centre) et David De La Cruz lors de la dernière étape du Paris-Nice le 11 mars. (AFP)
publié le 11 mars 2018 à 19h46
(mis à jour le 11 mars 2018 à 21h26)

Joie du vélo panache et des calembours hâtifs, c'est l'Espagnol Marc Soler qui a remporté dimanche Paris-Nice, alias «la course au soleil». L'outsider de 24 ans, membre de l'équipe Movistar, a attaqué de loin sur la dernière étape courue autour de Nice, accélérant à 47 km de l'arrivée et dépouillant ainsi le Britannique Simon Yates du maillot jaune. Comme souvent sur le premier grand rendez-vous français de la saison, la victoire se joue à un souffle : quatre secondes. Et les commentateurs (majorité des journalistes, fans sur les forums et réseaux sociaux) de déclarer que ce Paris-Nice 2018 est «réussi». Puisqu'il faut, apparemment, juger le spectacle des courses cyclistes comme des crêpes, à quoi ressemblerait une bonne édition, mœlleuse, dorée et qui n'accroche pas à la poêle ?

Les organisateurs d'Amaury Sport Organisation (ASO, qui possède aussi le Tour de France) continuent de vendre du suspense en barre. Dès la première étape, le 4 mars, autour de Meudon (Hauts-de-Seine), les sprinteurs devaient affronter les puncheurs dans un finale pouvant convenir aux deux catégories - succès du Français Arnaud Démare. Les courses d'ASO sont désormais séquencées suivant les impératifs de la télé et, plus exactement, de la vidéo courte durée. Au lieu du crescendo habituel qui part des étapes pour sprinteurs et mène vers la lutte à mort entre les favoris, une épreuve regroupe une succession de pièces uniques, unité de temps d'une journée, avec un enjeu sportif autonome, un parcours «disruptif» - et le concours d'une météo neigeuse samedi dans le parc du Mercantour, qui a «héroïsé» l'épreuve. C'est le marketing habile du «cyclisme à l'ancienne» (on parle évidemment de la nostalgie des attaques au long cours, pas du dopage de masse).

Plus besoin des têtes d’affiche. Le podium du dernier Tour de France, Bardet, Uran et Froome (ce dernier étant sous le coup d’une possible sanction pour abus de Ventoline) a préféré disputer Tirreno-Adriatico, en Italie. D’autres en ont profité sur Paris-Nice. Qu’importe le peu de charisme de Marc Soler et la tentative d’ASO de le comparer à Alberto Contador sur son site officiel. Ce n’est plus l’acteur qui compte dans le vélo d’aujourd’hui, mais ce spectacle quasi à tout prix.