«Je ne suis pas corrompu», a affirmé ce jeudi le président de la Fédération internationale de biathlon (IBU), Anders Besseberg, à la télévision norvégienne. Soupçonné notamment d'avoir touché des pots-de-vin pour cacher le dopage de sportifs russes depuis 2011, le chef du biathlon mondial a donné sa démission jeudi, suite à l'enquête de l'Agence mondiale antidopage (AMA) révélée mercredi par le Monde. La secrétaire générale de l'IBU, Nicole Resch, est elle aussi visée par les investigations. Elle a été suspendue le temps de l'enquête.
Le parquet financier de Vienne, en Autriche, a ouvert mercredi une enquête pour des faits de «corruption» et de «tromperie aggravée». Deux perquisitions ont été réalisées simultanément au siège de l'IBU, à Salzbourg, et au domicile d'Anders Besseberg.
65 cas de dopages russes potentiellement dissimulés
D'après les magistrats autrichiens, le patron du biathlon international depuis 25 ans n'aurait «pas réagi de façon appropriée, par exemple par des exclusions, à des cas de soupçons de dopage qui lui ont été signalés par l'Agence mondiale antidopage (AMA)». D'après l'enquête de l'AMA, l'IBU transférait les échantillons des biathlètes russes suspects à Rusada, l'agence antidopage de Moscou, pour que «les athlètes dopés ne puissent pas être repérés», selon Grigori Rodchenkov, ancien patron de l'agence devenu lanceur d'alerte. Le quotidien norvégien Verdens Gang estime qu'Anders Besseberg aurait couvert 65 cas de dopages russes depuis 2011.
Pour ce volet de l'enquête, les pots-de-vin seraient montés jusqu'à 300 000 dollars, un délit pour lequel il encourt cinq ans d'emprisonnement. Le président et fondateur de l'IBU nie en bloc : «Je n'ai jamais ne serait-ce qu'essayé de manipuler ou de cacher des tests de dopage positifs, qu'il s'agisse de Russes ou d'autres.»
Mondiaux attribués à la Russie : soupçons de favoritisme
Mais ce n’est pas la seule accusation qui pèse sur Anders Besseberg. En 2016, le Norvégien de 72 ans aurait influencé l’attribution des Mondiaux de biathlon de 2021. A cette époque, la crédibilité du sport russe était déjà engagée suite au scandale de dopage institutionnalisé qui impliquait déjà Rusada, l’agence antidopage russe. L’AMA avait demandé aux fédérations internationales de ne plus confier de compétitions d’envergure à Moscou.
Pourtant, 25 voix face à 49 votaient l’attribution des Mondiaux à Tioumen, en Sibérie, malgré les candidatures tchèque et slovène. La fédération russe aurait proposé entre 25 000 et 100 000 euros à des membres de l’IBU en échange de leur vote. Cinq mois plus tard et sous la pression, la Fédération internationale de biathlon retirait à la Russie l’organisation. La décision du nouveau pays d’accueil est toujours en suspens.