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Cyclisme

Flèche wallonne : Julian Alaphilippe casse des briques dans le mur de Huy

Le Français remporte en Belgique son premier succès dans une classique. Au milieu d’une nuée de remarquables numéros, signés Nibali, Bardet ou du plus anonyme Schachmann, véritable homme fort du jour.
Julian Alaphilippe (Quick-Step) lancé vers sa victoire dans la 82e édition La Flèche Wallonne, à Huy, près de Liège, le 18 avril 2018 (Photo YORICK JANSENS. AFP)
publié le 18 avril 2018 à 20h08

Julian Alaphilippe cisaille la ligne en premier mais il ne lève pas les bras : «Je ne savais pas que j'avais gagné. Je pensais qu'il y avait encore [Vincenzo] Nibali devant !» Le Français de l'équipe Quick Step, 25 ans, vainqueur ce mercredi de sa première course d'un jour, était un peu perdu dans la montée finale de la Flèche wallonne, concentré sur les pentes à déraper du mur de Huy (un chemin de croix au-dessus d'une vallée avec centrale nucléaire) et sur son propre effort, regard bloqué, au lieu de faire le compte de ses concurrents, à qui il inflige un retard de quatre secondes. On le comprend. La «Flèche», dite parfois «la classique la plus pénible de la saison» (un sprint prévisible entre six ou sept favoris sur le dernier kilomètre en côte), a exceptionnellement entremêlé cette année les petites prouesses des uns et des autres. Dont le numéro méritant de Maximilian Schachmann, coéquipier de Julian Alaphilippe.

Un intrépide qui va loin

Deux cents mètres de la ligne d’arrivée : Alaphilippe prend la tête de la course à la seconde où Schachmann la perd. Si l'épreuve avait fait 200 mètres de moins, Schachmann aurait gagné la Flèche wallonne. C’est un «si» énorme – un cinquième de l’ascension finale – et il faut parier que les gros bras se seraient employés à reprendre bien avant ce coureur peu connu si l’arrivée avait été jugée là où il était encore en pole position… Mais on ne se rappelle plus avoir vu un échappé contenir aussi longtemps le retour des leaders. D’habitude, les intrépides sont rappelés à l’ordre avant le pied du mur de Huy, jamais en plein dedans.

Or Schachmann, à demi oublié par l’hélicoptère et les commentaires de la télé, ouvrait toujours la route dans la portion la plus abrupte du mur, un virage sur la gauche qui dépasse les 25% à la corde. Ce non-grimpeur et non-puncheur tenait bon. Il s’écrase juste après, dans le replat (plus de 10% de pente tout de même), repris par le Belge Jelle Vanendert (Lotto-Soudal) et Julian Alaphilippe.

Ce n’était pas Vincenzo Nibali qui était encore en lice pour la victoire dans le mur, donc, mais un modeste équipier. Les deux hommes se trouvaient ensemble à 37 km de l’arrivée, dans un groupe de six coureurs qui tenait le peloton en respect. Pour la première fois depuis 2003, un échappé parti de loin semblait en mesure de gagner la Flèche. Schachmann distançait Nibali dans une descente à 4 km du but. Accompagné d’un autre concurrent, l’Australien Jack Haig (Mitchelton-Scott), qui craque à l’entame du mur de Huy. A un kilomètre de la fin, Schachmann est donc tout seul dans le jeu de la proie et du chasseur. Il compte une quinzaine de secondes d’avance sur les têtes d'affiche, ce qui lui permettrait largement de s’imposer sur une étape de plat, mais pas dans une arrivée en côte.

Smiley un peu forcé

«Vraiment content avec ma performance aujourd'hui, commente l'Allemand sur Twitter. Et encore plus content au vu du résultat.» Message formaté (qui ne manque pas de saluer «le gros travail collectif» de son équipe). Le smiley rigolard est un peu forcé. Quoi que. Spécialiste du contre-la-montre dans les catégories de jeunes, Maximilian Schachmann, 24 ans, semble se satisfaire de son rôle rigide d'équipier. Passé professionnel en 2017 chez Quick Step, il se range d'abord au service du sprinter Marcel Kittel. Cette saison, s'il parvient à gagner une étape du Tour de Catalogne, attaquant dès la ligne de départ et s'imposant après 117 km d'échappée, il n'a dû sa liberté qu'à l'absence de poids lourd dans son équipe sur cette épreuve.

«Le gros travail collectif» des Quick Step et la finition de Julian Alaphilippe ont eu raison ce mercredi de l'Espagnol Alejandro Valverde (Movistar), cinq fois vainqueur de la Flèche wallonne et classé deuxième de cette édition, à 38 ans. Maillot vert du dernier Tour de France, l'Australien Michael Matthews (Sunweb) termine quant à lui 5e et démontre qu'il n'est pas seulement un sprinter. Enfin, Romain Bardet (AG2R La Mondiale), venu officielement en rodage pour Liège-Bastogne-Liège, la course prévue ce dimanche, parvient à se hisser 9e, juste derrière l'homme fort du jour, Maximilian Schachmann.