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Ligue Europa: l'OM met une option sur la finale

Jeudi soir, Marseille a battu Salzbourg 2-0 au Vélodrome lors de la demi-finale aller.
Les Marseillais Florian Thauvin, buteur, et Dimitri Payet, passeur, le 26 avril au Vélodrome. (Photo Boris Horvat. AFP)
publié le 26 avril 2018 à 23h43
(mis à jour le 27 avril 2018 à 7h02)

L’Olympique de Marseille a fait plier le Red Bull Salzbourg (2-0) en demi-finale aller de Ligue Europa. Rapidement, soigneusement, logiquement et presque dans les règles. Le premier but du match est entaché d'une faute de main de Florian Thauvin (sur une tête) consécutive à un coup franc tiré à la 14e minute. Comme celui-ci n’avait aucune raison de se dénoncer (même un curé aurait grugé dans cette chaudière), il a fait l’avion et savouré l’ovation, parce que celle-ci ne se refuse pas en de pareilles circonstances. Le second pion est un plat du pied à bout portant de Clinton N’Jie (remplaçant au coup d’envoi) à la 64e minute. Le Camerounais, d’ordinaire si brouillon, s’est appliqué comme s’il avait lui-même inventé le geste. Dimitri Payet, le capitaine, est passeur décisif les deux fois. Et l’OM pourrait disputer sa première finale européenne depuis 2004, prévue à Lyon, chez son vrai rival du moment.

Commando

L’ambiance : 63 000 spectateurs et des poussières - un record à Marseille - au coup d’envoi et toute la journée, un boucan dans les rues et les tribunes à chasser un dictateur. S’il est factuellement avéré que le public, aussi chaud soit-il, ne marque pas les buts, il contribue néanmoins à donner l’envie de les fabriquer. Ou à défaut, à tout faire pour ne pas en prendre. Le match : pas si facile à y regarder de plus près. Les Autrichiens ont serré les dents et les boulons. Joué au ballon dès qu’ils le pouvaient - et c’était parfois très fin. Frappé très fort le poteau à la 76e minute au terme d'une action fort bien construite. En décembre dernier, les deux équipes s’étaient affrontées en phases de poules (0-0). A l’époque, l’Olympique de Marseille n’avait qu’une spécialité : se déchaîner en Ligue 1 contre les petits et les moyens, en ne regardant jamais les grands dans les yeux. Là : il fait chanter 63 000 personnes, avec une équipe composée à la fois de bons (Payet, le brésilien Luiz Gustavo), de brutes (l’Argentin Lucas Ocampos, qui tacle, bouscule et épuise tout ce qui bouge) et de truands (Thauvin ce coup-ci, au moins un peu). Les rôles alternent en fonction des matches. Et parfois pendant. L'OM n'est pas encore qualifié pour la finale, mais ne laisse pas de place pour envisager les contours d'un scénar catastrophe. A cette échelle, 2-0, c'est beaucoup.

Souvenirs

La folie de ces soirées-là fait perdre les repères élémentaires. Elle pénètre tout, y compris la très formelle annonce des compositions d'équipe. Sur Twitter, le compte officiel de l'OM avait accolé un petit drapeau brésilien à côté de la trombine de Bouna Sarr, 26 ans. L'ex-Messin n'est pas carioca pour un sou - français, d'origine guinéenne - quand bien même il est métamorphosé depuis le début d'année. Son cas raconte à lui seul ce Marseille-là. Il y a quelques mois encore, le milieu de terrain était un motif de cruelles railleries - dribbles foirés, frappes dévissées et photo étrange en short sur les réseaux sociaux (sur laquelle une partie de son anatomie avait semble-t-il franchi le tissu) - et de doute (en le gardant cet été, le club, passé sous pavillon américain, avait-il réellement de l'ambition ?). Replacé arrière droit par son entraîneur (par défaut), il enchaîne les rencontres de très bon niveau (ce jeudi  soir, il fut excellent), au point d'être cité ici et là comme une option pour l'équipe de France. En 2015, il avait posé un lapin à la sélection de Guinée, même pas qualifiée pour la dernière Coupe d'Afrique des nations.

Rudi Garcia, l’entraîneur, jubile sur son banc. Début septembre, son équipe, représentante du slogan Champions Project, avait pris l’eau (6-1) à Monaco. On le disait au mieux hors-sol, au pire dépassé. Soit : un candidat à un licenciement si l'anarchie du jeu marseillais perdurait. Là : un entraîneur qui joue la gagne sur deux tableaux - un podium en Ligue 1 et une finale européenne (avec effectifs et talents bruts restreints) - louant l'intelligence de ses hommes, et forcément la sienne par ricochet. De bonne guerre. Il paraît que le travail paye à condition de patienter un peu. Et qu'une faute avouée peut être à demi-pardonnée. A l'issue du match, Thauvin a en partie reconnu sa main.

Dans l'autre demi-finale aller, Arsenal et l'Atletico Madrid ont fait match nul 1-1 à Londres.