L'Olympique de Marseille s'est incliné face à l'Atletico Madrid (0-3) en finale de la Ligue Europa et c'est finalement une affaire de logique pure et dure : le gros a bouffé le petit. En somme : à ce niveau, le mythe du petit Poucet a ses limites, même quand ses supporters les plus fervents brûlent des cierges par paquets de mille; mais qui dans les cieux s'intéresse vraiment à la petite Coupe d'Europe ? Le match : Valère Germain, l'attaquant marseillais, foire un face-à-face (3e) en frappant fort en haut des cages. De là, l'OM a fait comme à son habitude face à plus grand que lui : tendre une barre de fer aiguisée aux deux bouts et attendre sagement la rouste en se dénudant.
Cette fois-ci, la défaite a pris la forme d'une bourde de débutants : Steve Mandanda (gardien) balance dans l'axe (ce qui est fortement déconseillé dès la petite enfance) pour André-Franck Zambo Anguissa (milieu défensif parfois maladroit, mais jusque-là impeccable), lequel rate son contrôle. L'occasion faisant le larron, Antoine Griezmann a gambadé jusqu'à arriver seul face au but. Il a pris son temps pour ajuster (1-0, 21e). L'international français a récidivé juste après la mi-temps, quasiment dans la même position que Germain (2-0, 49e). Entre-temps, Dimitri Payet, le meilleur joueur marseillais du moment - le leader technique - est sorti sur blessure (31e), en larmes (mais avec un bisou de Griezmann pour l'accompagner). Double coup dur pour le meneur de jeu : sa petite chance de disputer la Coupe du Monde en Russie cet été s'est peut-être envolée. Gabi terminera le boulot d'une frappe croisée à la fin (3-0, 88e minute).
Madrid : une équipe rompue aux finales. En 2012, ils avaient déjà remporté la Ligue Europa. En 2014 et 2016, ils ont échoué en finale de la Ligue des champions, le trophée continental le plus prestigieux. Depuis sept ans et l'arrivée sur son banc de Diego Simeone (Argentin nerveux, brillant et défrisé), l'Atletico en fait baver à tout le monde, y compris aux très gros de son championnat - Barcelone et le Real Madrid. Ses hommes savent tout faire, à commencer par défendre. Les attaquants marseillais étant ce qu'ils sont (vaillants au possible, mais limités chaque fois que le niveau monte d'un cran), l'Atletico n'a sué que d'une aisselle. Dit autrement : le 2e du championnat espagnol (le meilleur du monde) a étouffé le 4e de Ligue 1 (qui n'a pas battu plus grand que lui depuis des lunes).
Il ne reste plus qu’un défi à l’OM : terminer sur le podium de Ligue 1, laquelle s’achève ce week-end. Jacques-Henry Eyraud, son président, a averti à moult reprises : de toute façon, cette finale n’était pas prévue (le bonus). La certitude : «se battre» - soit mettre du cœur, la marque de fabrique de ce Marseille-là - ne suffit pas en football sans la maîtrise technique. C’est beau, courageux, attendrissant, émouvant, inspirant. Mais ça ne suffit pas pour gagner un trophée. Dommage.