Zidane et son sourire étincelant au sortir d’une finale de Ligue des champions emportée avec panache (3-1 contre Liverpool) : le Real Madrid tient son homme mythologique, aussi brillant comme joueur qu’en tant qu’entraîneur - à l’instar d’un Johan Cruyff ou d’un Pep Guardiola pour le FC Barcelone. «Le roi Zidane», comme certains médias l’ont surnommé, a toutefois réalisé une prouesse qu’aucun autre entraîneur n’avait réussie : gagner successivement trois coupes d’Europe à la tête du même club. Mieux que Bob Paisley (Liverpool) ou Carlo Ancelotti (Milan AC et Real) qui ont aussi brandi trois fois ce trophée mais sur une période plus longue. Avec «Zizou» aux commandes, le club merengue renforce son insultante supériorité historique, avec 13 coupes d’Europe dans son palmarès, et rejoint, grâce à ces trois titres consécutifs, le Real Madrid de Di Stefano (1956-1960), l’Ajax de Cruyff (1971-1973) et le Bayern Munich de Beckenbauer (1974-1976).
De la même façon, beaucoup ont parlé dimanche du «Real Madrid de Zidane», celui-là même qui, comme joueur, avait médusé les supporteurs lorsque, par une magique reprise de volée du pied gauche, il avait donné la neuvième Ligue des champions en 2002 au Real, face au Bayer Leverkusen. «On n'oubliera jamais non plus la finale de Kiev, souligne Alfredo Relano du quotidien sportif As. Liverpool a eu une incroyable malchance, avec la blessure de sa star Salah et les deux incroyables erreurs du gardien Karius [sur le premier et le troisième but de Madrid, ndlr]. Mais ce fut une de ces dramaturgies qui correspondent au Real Madrid, où les hommes de Zidane ont su contenir les assauts féroces de Liverpool au cours de la première mi-temps. Le club a joué comme si c'était sa première coupe d'Europe.» La victoire 3-1 s'est dessinée en seconde mi-temps grâce à Benzema (51e) puis un doublé de Bale (64e, 83e).
Dimanche, la capitale espagnole a réservé un accueil triomphal à ses héros. «Ce qui est fascinant dans ce Real Madrid, c'est ce gène compétitif, analyse Jaime Rincon, du journal Marca. Depuis une grosse décennie, le FC Barcelone a dominé le foot avec son mélange d'art footballistique et d'efficacité : le Barça de Pep Guardiola et de Leo Messi. Et pourtant, malgré tout, le Real Madrid a gagné en cinq ans autant de coupes d'Europe que le FC Barcelone en quinze ! Il y a dans ce club une force compétitive tout à fait unique.»
Seule fausse note de ce week-end, la sortie de sa très narcissique star Cristiano Ronaldo, dont la performance a d'ailleurs été éclipsée par les deux buts du Gallois Gareth Bale. «Ce fut beau de jouer ici. Je donnerai une réponse dans quelques jours», a lâché l'attaquant portugais après le match, le visage désenchanté, s'écartant du reste de ses coéquipiers ivres de bonheur. Les médias ont tous interprété ces paroles comme une préannonce du départ de ce joueur de 33 ans, qui a presque tout gagné avec le Real. Où partira Ronaldo ? On ne le sait pas. Il semblerait qu'il n'ait pas supporté que le président du club, Florentino Pérez, n'ait pas accédé à son exigence d'être rétribué autant que Messi (un salaire estimé à 40 millions d'euros par an). Ronaldo émarge actuellement à environ 22 millions d'euros par an.