Triomphe du sport et de la start-up nation : les Jeux mondiaux du sport d'entreprise 2018 viennent de se dérouler en France, du 23 au 27 mai, dans la station balnéaire de La Baule (Loire-Atlantique). Tout enthousiaste, la ministre des Sports, Laura Flessel, lançait dans la brochure officielle : «Je vous souhaite à toutes et tous de porter haut les couleurs de vos nations et de vos entreprises.» Confessons que nous sommes complètement passés à côté de cet événement, alors que celui-ci réunissait 5 000 participants s'affrontant dans une kyrielle de disciplines (foot, basket, vélo, mais aussi bowling, futal et fléchettes). 139 boîtes étaient représentées, de la petite collectivité territoriale au groupe bancaire, en passant par Total, Airbus, Porsche et autres fleurons de la finance mondiale.
C'est Veolia qui se félicite de ce grand raout. Hyperfière, Veolia. Dans un communiqué que Libération s'est procuré (mais qui n'était a priori pas destiné à la presse, seulement à l'usage du personnel), la multinationale spécialisée dans les déchets, l'eau, l'énergie et les moyens de transport, révèle qu'elle s'y connaît aussi en sport, puisque c'est elle qui a remporté les Jeux mondiaux 2018. On s'incline devant son tableau des médailles : 112, presque le triple de la banque allemande Commerzbank, deuxième société la plus titrée, avec 40 breloques.
Razzia
Au fond, le sujet n'est pas anecdotique, puisque la France est à la rue avec le sport d'entreprise (seul un salarié sur 555 est membre de la Fédération française du sport d'entreprise) et que Veolia, il est vrai, a plutôt tendance à investir dans le sport, en interne avec ses employés ou à travers le sponsoring privé. Soit. Mais la boîte française en fait aussi sa propagande. Lourdingue. Dans son communiqué, elle fait parler deux de ses salariés qui ont disputé les Jeux de la Baule. Une certaine Ariane, présentée comme «coordinatrice administrative» chez Veolia Quebec, s'exprime en ces termes : «Je suis vraiment reconnaissante de tout ce que Veolia nous fait vivre en ce moment. Je vis de la joie, je rencontre des gens d'autres pays. C'est fantastique.» Autre témoignage crousti-fondant de Darwin, «ouvrier» à Veolia Equateur : «Je suis très content de l'opportunité d'être ici que me donne Veolia et de faire partie de la famille Veolia.» Le même ouvrier : «Je pense qu'il faut toujours être optimiste. Nous devons tous être unis pour Veolia et être optimistes.»
Comme le sport fait bien les choses, la razzia de Veolia a eu lieu dans la commune de La Baule qui lui a confié la gestion de 5,4 km de plages à partir de juin 2019. La trentaine de restos et magasins installés au bord de l'eau ne verseront plus leur dîme à la mairie mais au groupe privé. Ce cas de concession d'une plage municipale est une première en France (pour une durée de 12 ans). Certains commerçants dénoncent le fait qu'ils vont devenir des «franchisés» de la marque. Mais Veolia remporte tous ses matchs.