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Rugby

Dans la préfecture de l’Hérault, le sport, force d’attractions

Montpellier brille en rugby, foot, hand, basket, water-polo… Le prolongement d’une politique initiée par l’ancien maire Georges Frêche.
Montpellier après sa victoire face à Lyon en demi-finale, le 25 mai. (Photo Jeff Pachoud. AFP)
publié le 1er juin 2018 à 19h16

Ce samedi soir, au Stade de France, on saura donc qui, du Montpellier Hérault Rugby ou du Castres Olympique, soulèvera le bouclier de Brennus saison 2017/2018. Sans préjuger du résultat, un constat s’impose : Montpellier kiffe la compétition de haut niveau. Déjà, en 2012, l’équipe de football avait parachevé le rêve d’une vie de feu son flamboyant président, Louis Nicollin, en devenant à la surprise générale championne de France de Ligue 1, tandis que, concomitamment, le handball décrochait aussi la timbale ; et que le water-polo masculin, comme le foot et le basket féminins, occupaient également les avant-postes.

Six ans plus tard, rebelote. En attendant un possible sacre du rugby, le Montpellier Handball, club français le plus prestigieux, a reconquis l'Europe dimanche dernier - quinze ans après un premier titre continental -, au détriment de Nantes. Mi-mai, les rugbywomen ont remporté leur septième titre national (contre Toulouse), idem pour les footballeuses en moins de 19 ans, leurs homologues masculins disputant, eux, la finale du championnat ce dimanche (contre Caen). Et des bilans mitigés en Ligue 1 de foot (10e) ou en Ligue A de volley (6e) ne suffiront pas à ternir le panorama.

Short. «Cette réussite sportive, qui contribue fortement à renvoyer une image positive de la ville dans tous les journaux télé, n'est pas le fruit d'une stratégie explicitement établie. Néanmoins, elle correspond à un effort financier considérable, avec environ 20 millions d'euros versés en fonctionnement en 2018, c'est-à-dire en subventions, par la métropole, alors que l'ensemble de la Grande Région Occitanie, elle, y consacre 11 millions d'euros», détaille Philippe Saurel, maire (DVG) de Montpellier depuis 2014 et président de la métropole (anciennement communauté d'agglomération) depuis la même année.

La love story en short a vraiment décollé avec Georges Frêche, omnipotent maire (de 1977 à 2004) et président de la communauté d'agglomération (de 1977 à son décès le 24 octobre 2010). Sous son règne, la collectivité cotise fortement pour le sport de haut niveau, qui se dote d'infrastructures à la hauteur des ambitions. Une idylle qui prolonge en réalité un premier flirt, quand la «mission Racine», créée en juin 1963 sous l'impulsion du général de Gaulle et destinée à dresser le proche littoral du Languedoc-Roussillon en rempart contre l'exode touristique vers l'Espagne, déclenche la construction de résidences, voire de villes (La Grande Motte), mais aussi d'équipements sportifs et de loisirs - courts de tennis, golfs…

Accrochages. Officiellement passée cette année du 8e au 7e rang national en nombre d'habitants (282 143 selon l'Insee) au détriment de Strasbourg, Montpellier se veut dynamique, avec 47 % de sa population âgée de moins de 30 ans, dont quelque 70 000 étudiants. «Faute d'industrie, ajoute Philippe Saurel, nous misons sur plein de domaines susceptibles de créer de l'emploi, tels que l'enseignement supérieur, la recherche, les nouvelles technologies, le tourisme ou l'urbanisme. Et les pratiques sportives, amateures ou professionnelles, comme la culture, jouent en ce sens un rôle très important dans notre action.»

Un état des lieux flatteur qui ne justifie pas pour autant de basculer dans l'angélisme. Historiquement, il n'a jamais existé de dialogue constructif entre les différentes élites sportives de la ville, «chacune restant dans son couloir», selon le maire. De plus, niveau fréquentation, le public suit couci-couça : avec une piteuse quinzième affluence en moyenne cette saison (13 532 spectateurs), le stade de la Mosson sonne creux les soirs de matchs de Ligue 1 et, côté rugby, on trouve quasiment toujours de la place à l'Altrad Stadium, ex-stade Yves-du-Manoir inauguré en 2007, où l'ambiance ne rivalise pas avec celles de Maillol (Toulon) ou de Marcel-Deflandre (La Rochelle). Par ailleurs, conclu par un contrat de trois ans arrivé à son terme, le naming de l'enceinte a déjà fait l'objet de plusieurs accrochages entre Mohed Altrad, le président richissime et controversé du MHR (accointances douteuses avec Bernard Laporte, le président de la FFR, récents soupçons de dépassement du plafond de la masse salariale…) et Philippe Saurel. Qui pèse ses mots, lorsqu'il s'agit d'évoquer celui qui a fait fortune en commercialisant du matériel pour le BTP et l'industrie : «Je dis merci au chef d'entreprise qui a investi avec succès dans le rugby et nous permet de jouer les premiers rôles. Mais ma relation avec l'homme reste au mieux courtoise. On se dit bonjour, pas plus, pas moins.»

Accessoirement, il se murmure que Mohed Altrad (qui n'a pas répondu à nos sollicitations) pourrait être candidat aux prochaines élections municipales en 2020. Un récent sondage publié dans Midi libre l'a en tout cas crédité d'un score encourageant. L'édile actuel a aussitôt riposté en dénonçant les modalités suspectes de l'enquête et parlé de «désinformation». Ambiance.