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Roland-Garros

Marco Cecchinato : des paris douteux, un Paris réussi

L'Italien a été impliqué dans une affaire de paris douteux il y a quelques années.
Marco Cecchinato contre Novak Djokovic le 5 juin 2018 au stade Roland-Garros, à Paris (Photo Eric FEFERBERG. AFP)
publié le 7 juin 2018 à 20h26
(mis à jour le 8 juin 2018 à 10h56)

L’information est tombée mardi : un réseau de trucage de matchs de tennis, mené par la mafia belgo-arménienne, était démantelé après une vaste opération de police internationale. Comme si tous les enjeux du tennis se retrouvaient Porte d’Auteuil, même les moins glorieux : dans le même temps, un joueur, lui-même mouillé dans une affaire de paris truqués présumés il y a deux ans, se qualifiait par surprise en demi-finales de Roland-Garros. Marco Cecchinato a sûrement remporté le plus beau match de la quinzaine mardi face à Novak Djokovic en quart de finale. Une véritable bataille en quatre sets, dont un tie-break dantesque, où l’Italien n’aura rien lâché, malgré un enjeu bien différent de ses habituelles rencontres de tournois de seconde zone.

«Lâcher» des matchs, ça lui serait pourtant déjà arrivé par le passé. En juillet 2016, Cecchinato est condamné à une suspension de dix-huit mois et à une amende de 40 000 euros par sa fédération, qui lui reproche d'en avoir truqué deux en 2015. La principale rencontre au cœur de l'affaire : un quart de finale de tournoi au Maroc face au Polonais Kamil Majchrzak, modeste 338e mondial à l'époque. Clairement favori, Cecchinato perd pourtant en deux sets. Les paris importants sur cette défaite surprise interpellent les autorités italiennes. Seules deux personnes dans le pays ont misé sur une victoire en deux manches du Polonais : un ami de Cecchinato et le père de celui-ci. Après plusieurs mois de recours, l'affaire se terminera pourtant bien pour l'Italien : en décembre 2016, le Comité national olympique italien annulera toutes les sanctions pour vice de procédure. La casserole revient forcément régulièrement en conférence de presse. A chaque fois, le même visage fermé du pourtant affable Marco Cecchinato : «Je ne veux pas parler de ça. Désolé.»

Reste la performance sportive de ce joueur méconnu, même des journalistes transalpins. Cette saison, il enchaîne les performances sur terre battue : la plus marquante fut sa victoire à Budapest. Repêché après une défaite en qualifications, le «lucky loser» est allé jusqu’au bout de la compétition. Cecchinato n’est pas en demi-finales de Roland par hasard : avant Djokovic, il a fait tomber deux autres têtes de série, Pablo Carreño Busta, puis David Goffin. Surprenant pour un joueur qui n’avait jusque-là jamais remporté un match dans un Grand Chelem. Doté d’un joli revers à une main, comme son adversaire du jour, Dominic Thiem, Cecchinato compte surtout sur la violence de ses coups droits, aussi rapides que ceux de Rafael Nadal. S’il perd face à l’Autrichien, il empochera tout de même 380 000 euros, ce qui ne serait pas loin de la moitié de ses gains en carrière (850 000 euros). Comme quoi, gagner, ça peut aussi rapporter gros.