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Libération

Arbritrage vidéo : la fin annoncée de l’arbitraire n’a pas eu lieu

par Lionel Schneider, webmaster du blog Arbitrage 57
publié le 18 juin 2018 à 21h06

Chaque jour, une personnalité du monde culturel ou sportif commente le Mondial. Aujourd’hui, Lionel Schneider, webmaster du blog Arbitrage 57.

De l’utopie à la réalité. Le football réclamait presque désespérément l’assistance vidéo (VAR) : vingt-cinq ans qu’on en parle. La voici introduite pour la première fois lors d’une Coupe du monde. Deux camps, deux footballs s’opposent. Il y a ceux qui pensent que la vidéo va rétablir la justice. D’autres qui redoutent un football aseptisé, robotisé. Et d’autres encore qui y voient un report de la responsabilité d’interprétation, depuis l’arbitre jusqu’au car régie des assistants vidéo.

Le Mondial russe a déjà été l’objet de discussions animées au sujet de l’assistance vidéo. Lors d’Espagne-Portugal (3-3), Gianluca Rocchi, l’arbitre du match, a accordé l’égalisation espagnole entachée d’un coup de coude de Diego Costa sur Pepe. L’assistance vidéo n’a pas été sollicitée. Le joueur, l’entraîneur, le spectateur, le téléspectateur ne comprennent pas.

Le dernier mot reviendra toujours à l’arbitre central, qui peut ou non solliciter la VAR : l’arbitraire se niche aussi là. Au-delà de ce fait de jeu, cet outil est censé apporter du confort et de la sérénité aux arbitres, au nombre de neuf par rencontre désormais. Enfermés dans un centre dédié à l’assistance vidéo à Moscou, les arbitres assistants vidéo n’ont pas le temps de cogiter. Les partisans de la vidéo ont été rassurés samedi lors de France-Australie (2-1) où Andrés Cunha, l’arbitre uruguayen du match, a pris deux bonnes décisions. D’abord en prenant le temps d’aller consulter son écran de contrôle pour s’assurer de la faute commise sur Antoine Griezmann. Puis on refusant l’assistance justement, après une main évidente de Samuel Umtiti qui valait penalty. L’exemple inverse s’est produit lors de Brésil-Suisse (1-1), où un penalty a été refusé à la Seleção sans intervention de la VAR. Un coup ça marche, un coup non.

L’assistance vidéo est un enjeu politique considérable pour la Fédération internationale de foot (Fifa) et son président, Gianni Infantino. Il divise au sein même du département arbitrage de la Fifa, où Massimo Busacca, le boss des hommes en noir, et Pierluigi Collina, le patron politique de l’arbitrage de l’instance internationale, ne sont pas sur la même longueur d’onde. Busacca, qui lors de la dernière Coupe des confédérations remettait en question l’utilisation de la VAR en Russie, est fragilisé par l’arrivée de Collina et sait qu’il joue très gros sur cette Coupe du monde où l’introduction de la vidéo doit être réussie.

«L'assistance vidéo est notre bouée de sauvetage», expliquait récemment l'arbitre français Clément Turpin. Attention à ne pas toucher le fond.