A priori déséquilibré, ce duel entre l'Iran et l'Espagne, inédit entre les deux nations, sera capital pour la Roja dans sa quête de la première place du groupe B, après son nul concédé dans les derniers instants face au Portugal (3-3). Pour les partenaires d'Andrés Iniesta, il faudra marquer, marquer et encore marquer afin de soigner le goal average. Du côté des Iraniens, leaders du groupe après leur victoire contre le Maroc, pas besoin d'être fin tacticien pour deviner que la mission sera de retarder l'échéance en espérant repartir avec le point du nul. Voire, sur un contre bien mené, de créer le plus grand exploit de la compétition. Et comme la victoire surprise du Mexique contre les champions du monde allemands l'a encore montré, impossible n'est pas football.
Le duo «Iscosta» pour guider à nouveau l’Espagne
Alors qu'on l'attendait au tournant après l'éviction de dernière minute du sélectionneur Julen Lopetegui, l'Espagne a répondu présent dans le choc du groupe B malgré le score de parité face à la Seleção portugaise. Débarqué à la hâte sur le banc, Fernando Hierro pouvait repartir avec au moins deux motifs de satisfactions, outre le point engrangé. L'un concerne l'attitude de ses joueurs, qui ont su faire preuve de caractère en revenant par deux fois au score. L'autre renvoie à Isco et Diego Costa, les deux hommes du match côté espagnol sans qui l'issue de la rencontre aurait pu être toute autre.
Transparent en phase de poules en 2014, l’attaquant de l’Atletico Madrid nourrissait de grandes ambitions à l’approche du Mondial. Privé de jeu pendant quatre mois en raison d’une sanction de l’UEFA sur les Colchoneros, plutôt en jambes depuis sa reprise début janvier (7 buts en 24 matchs toutes équipes et compétitions confondues), sa performance étincelante à la pointe de l’attaque des champions du monde 2010 a donné raison à Lopetegui. Derrière sa télé, l’ex-sélectionneur doit se réjouir de lui avoir fait confiance alors que de nombreux clients prétendaient au poste d’avant-centre titulaire (Morata, Rodrigo, Iago Aspas). Et dire qu’il y a cinq ans de cela, le joueur de 29 ans faisait ses premiers pas en sélection avec… le Brésil.
Et que dire d'Isco, titulaire au sein de la sélection espagnole pendant les qualifications alors qu'il peinait à gagner la confiance de Zidane au Real Madrid ? À Sotchi, le magicien Merengue a mis une grosse quinzaine de minutes pour se chauffer, avant d'éblouir la rencontre de son talent. «Nous devons être fidèles jusqu'à la mort au style de jeu qui nous définit, a prévenu le milieu de terrain à l'avant-veille du deuxième match, tout en insistant sur la force du collectif espagnol : «Cette équipe a beaucoup de cœur, beaucoup de fierté et d'envie de bien faire les choses. Nous sommes plus forts dans l'adversité». Sa technique, sa vista et son jeu dans les intervalles avec Iniesta devraient donner quelques sueurs froides au bloc iranien, privé de son défenseur Rouzbeh Cheshmi pour le restant du Mondial.
Carlos Queiroz, l’autre Portugais qui voulait défier la Roja
La ligne arrière iranienne, meilleure défense de la zone Asie avec seulement 5 buts encaissés en 18 rencontres d'éliminatoires, aura fort à faire face à la 3e meilleure attaque de la zone Europe (36 buts inscrits). Mais la Team Melli dispose d'un atout de choix en la personne de son sélectionneur Carlos Queiroz. Autrefois sur le banc de la sélection portugaise avec laquelle il a notamment participé à la Coupe du monde 2010 (le Portugal avait alors été éliminé en huitième par… l'Espagne), l'entraîneur portugais est bien au fait du jeu européen. D'autant qu'il a aussi effectué une pige à la tête du Real Madrid il y a quelques années (2004-2005).
Pas forcément l'équipe la plus connue, l'Iran a dominé les qualifications comme peu d'autres nations.
— Coupe du Monde 🏆 (@fifaworldcup_fr) June 10, 2018
La Team Melli poura-t-elle continuer sur sa lancée à la #CM2018 ? 🇮🇷 pic.twitter.com/tSLzjCazv7
Contre le Maroc, la stratégie imposée par Queiroz consistait notamment à attendre sagement l'adversaire durant le premier quart d'heure en cassant le jeu de ses créateurs. «Face aux Espagnols nous jouerons différemment», a assuré le technicien de 65 ans. Sans en dire davantage. Avec une préparation tronquée en raison des divergences politiques qui secouent le pays, les coéquipiers d'Ashkan Dejagah voudront avant tout profiter de l'opportunité d'une telle rencontre comme le martèle Queiroz, agacé par l'affaire Nike (l'équipementier a refusé de fournir des chaussures aux Iraniens pour respecter les sanctions de Trump contre leur pays): «Le message que je veux faire passer ce soir, c'est : "Laissez nos gars jouez au football !" Mes joueurs, ils ne sont contre personne (politiquement), ils veulent simplement s'exprimer en jouant au football. Mes joueurs méritent d'être considérés comme tous les autres joueurs.»