Zéro. C'est le nombre de buts encaissés par l'Uruguay après ses trois matchs de poule. A l'heure d'affronter le Portugal en huitième de finale du Mondial ce samedi à 20 heures, la Celeste demeure la seule équipe dans ce cas. «C'est l'une de nos vertus en tant qu'équipe : nous sommes solides défensivement», déclarait le capitaine Diego Godín à l'issue de la démonstration contre la Russie. (3-0)
Une prouesse à nuancer au vu du niveau affiché par leur groupe, l'Arabie Saoudite et l'Egypte n'étant pas des machines à scorer comme peuvent l'être la Belgique ou l'Espagne, n'en déplaise à Mohamed Salah. Mais même les attaquants russes, qui ont impressionné en début de tournoi avec pas moins de huit buts en deux rencontres, sont restés muets contre l'Uruguay. Qui, de plus, a démenti sa réputation d'équipe rugueuse et dure sur l'homme en ne commettant que 33 fautes (septième plus faible total des 32 équipes en lice).
Pour trouver trace des Uruguayens allant chercher le ballon dans leurs filets, il faut remonter au 14 novembre et une défaite 2-1 en amical contre l'Autriche. Et encore, la Celeste jouait avec Martín Silva, son deuxième gardien. L'habituel titulaire, le portier de Galatasaray Fernando Muslera, affiche maintenant 641 minutes d'invincibilité. Son récent record de quatorze matchs de Coupe du monde disputés pour un gardien uruguayen lui assure une régularité et des automatismes avec ses partenaires de la défense.
Meilleurs défenses de la coupe du monde après la phase de poules :
— Passion Football Club (@PassionFootClub) June 29, 2018
0⚽️ 🇺🇾 Uruguay
1⚽️ 🇫🇷 France
1⚽️ 🇩🇰 Danemark
1⚽️ 🇭🇷 Croatie
1⚽️ 🇧🇷 Bresil pic.twitter.com/T7lliL4Leu
Derby madrilène
A trop réduire l'Uruguay à son duo d'attaquants de classe mondiale (Suarez-Cavani), on en oublie que l'équipe bâtie par Oscar Tabárez est aussi très solide à l'arrière. Hormis pour le match de la Russie, où le sélectionneur a dû repasser à un système avec trois défenseurs, le schéma tactique repose habituellement sur une défense à quatre et des joueurs qui se connaissent très bien. Seul le latéral droit de Peñarol Guillermo Varela (25 ans), qui a fêté sa première sélection il y a sept mois, fait figure de novice. Pour le reste, c'est du très classique quand on suit l'Uruguay depuis quelques années. Le trio Giménez-Godín-Cáceres était déjà de l'aventure Coupe du monde lors de l'édition 2014 en tant que titulaires, et ne s'est jamais délité depuis.
Les deux premiers tiennent l'axe de la défense de l'Atlético Madrid, avec une complémentarité qui en fait une paire redoutable pour les attaquants adverses. D'un côté, le jeune Giménez, 23 ans, au jeu rugueux et physique, saillant dans ses interventions au point d'être considéré comme l'un des meilleurs stoppeurs de la planète. Il est aussi capable d'être décisif de l'autre côté du terrain, à l'image de son but dans les derniers instants du match inaugural contre l'Egypte. De l'autre, le patron Diego Godín, troisième Mondial avec la Celeste. Moins costaud que son comparse, le joueur de 32 ans s'appuie sur un sens du placement et un jeu de tête exceptionnels, hérités de ses années passées au côté de Diego Lugano, ancien ténor de la défense uruguayenne. Oscar Tabárez s'est attardé sur un autre de ses atouts, non-négligeable à ce stade de la compétition : «C'est difficile de réduire une personne à une seule qualité, mais pour Godin ce pourrait être sa force mentale.»
Les duels qui s’annoncent entre les deux chiens de garde colchoneros et Cristiano Ronaldo ne seront pas sans rappeler les combats acharnés des derbys madrilènes. A condition que Giménez, blessé aux quadriceps contre l’Arabie Saoudite, soit suffisamment rétabli pour pouvoir regagner sa place dans l’axe. Si tel est le cas, le fait de bien connaître la paire de défenseurs centraux sera-t-il un avantage ou non pour CR7 ? A constater que Ronaldo demeure à ce jour le meilleur buteur de l’histoire des Atlético-Real avec 22 réalisations, on se dit que le peuple uruguayen a tout de même des raisons de trembler.
«Garra charrúa»
Peut-être que la clé du match se jouera sur le côté de Martín Cáceres (31 ans). Le latéral gauche de la Lazio, impérial dans le jeu aérien mais perfectible quand le ballon est à terre, aura fort à faire dans son couloir. Que Bernardo Silva soit titulaire ou bien Ricardo Quaresma, les deux ailiers droits portugais brillent par leurs changements de rythme, leurs dribbles et leur capacité à jouer dans les petits espaces. Cáceres, passé notamment par le FC Barcelone et surtout la Juventus, où il a excellé en Serie A, en a toutefois vu d’autres.
#Rusia2018 | Antes de partir hacia Sochi, la Celeste trabajó esta mañana en el Sports Centre Borsky de Nizhny Novgorod. https://t.co/FioxMyyx3T pic.twitter.com/GD12IFJwwg
— Selección Uruguaya (@Uruguay) June 28, 2018
Tabárez peut également compter sur Sebastián Coates et l’expérimenté Maxi Pereira (127 sélections depuis 2005), respectivement joueurs du Sporting CP et du FC Porto – et donc bien au fait du jeu pratiqué par la Seleção portugaise. Une profondeur de banc bien utile en cas d’éventuels pépins physiques.
En attendant, les quatres habituels titulaires et dignes représentants de la garra charrúa, cet esprit guerrier caractéristique du bloc uruguayen, devraient être reconduits pour ce premier affrontement entre les deux nations depuis 1972. En cas de victoires combinées de l'Uruguay et de la France contre l'Argentine, les deux nations se retrouveraient en quart de finale. Les cinq derniers scores entre les Bleus foncés et clairs ? Quatre 0-0 consécutifs et une victoire 1-0 en amical pour les coéquipiers Godín, il y a cinq ans. Infranchissable, on vous dit.