Chaque jour, une personnalité du sport ou de la culture commente le Mondial. Aujourd’hui le metteur en scène Mohamed El Khatib.
Samedi. Encéphalogramme plat. Il ne s'agit pas de Maradona, mais du match France-Danemark, le plus pathétique de l'histoire du football depuis le Haut Moyen Age.
Dimanche. L'Aquarius, plein de migrants, dont probablement beaucoup des futurs footballeurs qui disputeront la prochaine Coupe du monde, cherche toujours un port d'attache.
Lundi. Diego Maradona adresse deux doigts à la face du monde en général et aux Nigérians en particulier après la victoire des Argentins. Il ressemble de plus en plus à ce vieil oncle qu'on ne peut pas sortir en public parce qu'on n'assume plus ses incontinences sociales.
Mardi. L'image du Mondial la plus drolatique depuis que les albums Panini existent. Eric Cantona, orné de spaghettis al dente sur la tête, se paye Neymar, le joueur le plus technique du Mondial flanqué de la coupe de cheveux d'un joueur du RC Lens dans les années 90.
Mercredi. La Fifa, créée en 1904, change pour la première fois les règles du jeu. «Article 1 : Le football est un sport qui se joue à onze, et à la fin, ce n'est plus l'Allemagne qui gagne.»
Jeudi. Idiot cherche village. A chaque Coupe du monde, le nombre de femmes battues explose. J'ai longtemps pensé que c'était à cause du football et que les défaites de fin de semaine dopaient ces statistiques funestes. Néanmoins, les comportements grégaires semblent ne pas être l'apanage des supporteurs de football. Alors que les Italiens ne sont pas qualifiés, on n'a pu observer aucune baisse significative.
Vendredi. C'est un événement suffisamment rare pour être relevé, du Maghreb au Machrek, de la Casamance aux Grands Lacs, l'Afrique a agi de concert. Les cinq représentants du continent sont éliminés.
Samedi. La France est un pays où prospère la Française des jeux. Parier est un métier à plein temps pour des centaines de milliers de Français, notamment ceux des classes populaires. Je viens d'annoncer au cinéaste Alain Cavalier, qui ressemble étrangement à Aimé Jacquet et à qui je dois déjà 100 euros, que je mise 20 euros sur l'Argentine.
Dimanche. A Lens, au stade Bollaert, sur 17 000 abonnés, plus de 4 600 s'appellent Kevin. C'est un prénom d'origine irlandaise. En France, c'est en 1981 - l'année de l'élection de Mitterrand - qu'il y a eu le plus d'enfants prénommés Kevin. Bon, de là à dire que c'est un prénom de gauche, faut pas déconner. Et de là à dire que Mitterrand était de gauche, faut pas déconner non plus. Je fais le pari que dans les crèches en 2019, un enfant sur deux s'appellera Kylian.