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Libération

La Fifa exerce son très libre arbitre

par Lionel Schneider
publié le 2 juillet 2018 à 20h46

Chaque jour, une personnalité du monde culturel ou sportif commente le Mondial. Aujourd’hui, Lionel Schneider, webmaster du blog «Arbitrage 57».

La désignation des hommes en noir a toujours été un sujet sensible à traiter. Les exigences sportives laissent souvent place aux considérations diplomatiques. Le Mondial russe n’y échappe pas. L’arrivée de Pierluigi Collina à la présidence de la commission d’arbitrage de la Fédération internationale de football (Fifa) devait marquer un nouveau départ. Le divin chauve contrôle tous les pouvoirs en étant à la fois le patron politique de l’arbitrage à la Fifa, le président de la commission d’arbitrage de l’UEFA ainsi que le directeur technique des sifflets européens. Il y a comme un léger conflit d’intérêts, non ?

Depuis longtemps, la Confédération européenne est la plus influente au sein de la Fifa. Mais la Confédération asiatique (AFC) pèse de plus en plus autour de la table. A tel point que Pierluigi Collina, Massimo Busacca, le patron des arbitres à la Fifa, et Hany Taleb, vice-président qatari de la commission, ont essayé de désigner Abdulrahman Al-Jassim (Qatar) sur la rencontre sans enjeu entre le Panama et la Tunisie. Les trois dirigeants se sont heurtés à certains membres de la commission d’arbitrage qui ont contesté ce choix en rappelant que le Qatari avait été retenu au Mondial en tant qu’arbitre VAR (l’assistance vidéo à l’arbitrage), et non dans la fonction d’arbitre principal. Massimo Busacca pourrait, dans un futur proche, prendre la direction de l’arbitrage au Qatar, un pays avec lequel l’ancien arbitre helvète entretient d’excellentes relations.

Le 20 juin, le Portugal affrontait le Maroc en phase de groupe. Une semaine auparavant, la Fédération internationale décidait de ne pas attribuer l’organisation de la Coupe du monde 2026 au Maroc, au profit des Etats-Unis, du Mexique et du Canada. L’instance ne trouvait rien de mieux que de désigner l’Américain Mark Geiger sur le match entre les Lusitaniens et les Marocains, qui se verront refuser un penalty évident.

La Fifa ne s’est pas arrêtée là et a pris l’irresponsabilité de désigner le Sénégalais Malang Diedhiou sur le huitième de finale entre la Belgique et le Japon, lundi. Problème de taille : le pays du Soleil-Levant s’est qualifié aux dépens des Lions de la Teranga grâce au fair-play. Qui plus est, Malang Diedhiou, qui peut compter sur le soutien politique de la Sénégalaise Fatma Samoura, secrétaire générale de la Fifa, n’est pas considéré comme l’un des meilleurs arbitres africains du moment. C’est un peu comme si l’Argentin Nestor Pitana se voyait confier le match Uruguay-France. La Fédération internationale a préféré le désigner dimanche sur le huitième Croatie-Danemark. Pour rappel, les partenaires de Luka Modric évoluaient dans le même groupe que… l’Argentine. La nage à contre-courant.