Menu
Libération
Coupe du Monde

Neymar emmène le Brésil en quarts

Un Mexique valeureux et joueur, mais trop inefficace, n'a jamais paru en mesure de reconduire son exploit allemand face à une Seleçao impressionnante de maîtrise et son numéro 10 qui monte en puissance.
Neymar Jr porté en triomphe par Paulinho, après avoir ouvert le score pour le Brésil contre le Mexique à Samara, le 2 juillet 2018 (Photo Fabrice COFFRINI. AFP)
par Julien Gester, Envoyé spécial en Russie
publié le 2 juillet 2018 à 19h51

S’il avait lui aussi commencé son tournoi par une déconvenue (1-1 contre la Suisse), comme l’Allemagne, l’Espagne ou l’Argentine avant lui, le Brésil ne rejoindra pas tout de suite la charrette des grandes nations évincées avant d’avoir humé l’air des cimes de ce Mondial russe. Opposée lundi après-midi à un Mexique victorieux de l’Allemagne lors de son premier match et déterminé à liquider

la Seleçao n’a pas impressionné, elle a fait mieux, en poursuivant une montée en puissance qui donne le sentiment d’une maîtrise un peu plus pénétrante à chaque match depuis son entrée dans la compétition, sans jamais paraître forcer, chercher à éblouir ou renier son jeu.

Dans une rencontre faite pour lui, même s’il a encore enduré un traitement de faveur pour le moins autoritaire de ses adversaires, Neymar a délivré une prestation une nouvelle fois plus tranchante et s’en est trouvé gratifié d’un but et d’une passe décisive, malgré les exploits répétés de Guillermo Ochoa dans les buts mexicains. Le futur adversaire des Brésiliens - soit la Belgique, soit le Japon, qui s’affrontent lundi soir - pourra bien se faire une montagne de ce quart de finale, et celle-ci ne cesse de prendre de l’ampleur.

Espaces, percussion, vitesse, verticalité, étirement de lignes et blocs… Dès leur entrée sur le terrain de la Samara Arena, les deux équipes se font fait fort de réintroduire sur la pelouse tout ce dont on était sevré depuis vingt-quatre heures et de nous réconcilier ainsi avec les matchs à élimination directe, après les deux poussifs exercices de neutralisation mutuelle auxquelles s’étaient livrés successivement Russes et Espagnols puis Danois et Croates, lors de rencontres de la veille conclues aux tirs au but avant que tout le monde ne meure d’ennui ou d’angoisse. Pour être déjà venus à bout de l’Allemagne en jouant crânement un jeu offensif, madré tactiquement mais dénué de calcul, les Mexicains n’avaient aucune intention de jouer les victimes bunkerisées face au favori brésilien.

Il faut en effet moins de deux minutes pour qu’ils manifestent des intentions aussi joueuses que la Seleçao et ses stars, mettant aussitôt le gardien Alisson à la parade. Le ballon revit, allant et venant d’un but à l’autre à un rythme effréné, dont on peine à croire que tous les acteurs puissent le tenir par les 34°C qui règnent à Samara. Vela, Herrera ou un virevoltant Lozano (confirmant son formidable début de Mondial) butent sur la défense brésilienne tandis qu’Ochoa, toujours injouable sur sa ligne, oppose la fermeté de ses poings en acier trempé à des frappes de Neymar et Gabriel Jesus. Les duels sont sévères et les créateurs auriverde Neymar et Coutinho soumis à une étroite garde, mais même l’arbitre, possiblement grisé par l’air des grands espaces ouverts de part et d’autre, paraît s’accorder à la véloce fluidité des échanges, laissant autant qu’il est possible le ballon vivre sa vie. Personne, aujourd’hui, ne battra de record de nombre de passes échangées, mais cela fait à la mi-temps un 0-0 enchanteur.

En seconde période, partie sur des bases toutes aussi ouvertes, alors qu’on sentait les Mexicains disposés à reculer un peu - sans doute en vue gérer leurs efforts et de mieux jouer les contres -, les Brésiliens accélèrent encore malgré la chaleur, et en sont vite payés. 50

e

minute, Neymar fait le tour de la défense adverse balle au pied, talonne pour Willian, qui contourne par la gauche et le sert d’un ballon parfait entre le gardien impuissant et sa défense, que le Parisien n’a plus qu’à tacler au fond. 1-0. Enfin devant, la Seleçao peut gérer et réguler le tempo du match à sa guise. Toujours aussi valeureux et incisifs sur les ailes, les Mexicains s’embourbent dès lors qu’il s’agit d’entrer dans la surface et d’accomplir le dernier geste ou la dernière passe, et peinent ainsi à revenir, bien qu’Ochoa, qui se montre toujours solide face à Paulinho et un excellent Willian, fassent le nécessaire pour les maintenir dans la partie.

Sans se donner des airs de rouleau compresseur, le Brésil maîtrise remarquablement toutes les zones du terrain, et paraît ne pas avoir à forcer quand il s’agit de plier l’affaire une bonne fois pour toutes : à quelques minutes du terme, prenant une nouvelle fois la profondeur sur une passe de Fernandinho, un Neymar excentré se présente encore au gardien mexicain, qui ne peut que détourner la tentative de faire passer le ballon sous son bras. Firmino, tout juste entré en jeu, reprend et enterre ainsi les rêves de quarts mexicains. Ce ne sera toujours pas pour cette fois - la septième en autant de tentatives consécutives. La malédiction, on ne sait pas, mais ce Brésil-là était trop sûr de sa force.