Les footballeurs suisses vengeront-ils leurs homologues du hockey ? Il y a un mois, lorsque la Suède s'imposait contre la Suisse en finale du championnat du monde au Danemark, privant les joueurs de la Nati d'un premier sacre dans la compétition, personne ou presque n'aurait imaginé qu'un nouveau duel entre les deux nations n'arriverait aussi vite. Encore moins en huitième de finale de Coupe du monde de football. L'affiche, a priori loin d'être la plus attrayante des matchs à élimination directe, s'annonce toutefois très indécise entre deux outsiders qui ont dû passer par les barrages de la zone Europe afin de valider définitivement leur ticket pour la Russie. Mais à y regarder de plus près, est-ce vraiment une surprise de les retrouver à ce stade de la compétition ?
Depuis qu'elle a sorti l'Italie en match aller-retour (1-0, 0-0), la Suède, même sans l'institution Zlatan Ibrahimovic, parti en retraite internationale, ne fait rire personne. A commencer par les attaquants adverses. Depuis les matchs de préparation début juin, seule l'Allemagne est parvenue à faire trembler les filets d'Olsen. Et comment prendre à la légère une sélection qui a terminé en tête d'un groupe où le champion du monde en titre s'est classé bon dernier ? «C'est une très bonne équipe, robuste, structurée et dangereuse sur coups de pied arrêtés. Ils sont bons dans les duels», analyse le défenseur central Johan Djourou. Les Blagults ne partiront pourtant pas vraiment favoris contre une Nati qui a marqué six fois lors de ses sept derniers matchs de Mondial. Et ce malgré les absences des tauliers de la défense que sont Schär et Lichsteiner.
6 - La Suisse 🇨🇭 a désormais marqué lors de 6 de ses 7 derniers matches de Coupe du Monde - soit autant que lors des 15 précédents. Forme. #SUICRC #CM2018 pic.twitter.com/g0L8Ig2ibs
— OptaJean (@OptaJean) June 27, 2018
Depuis que Vladimir Petkovic a repris l’équipe à l’issue de la Coupe du monde 2014, la Suisse n’a connu que huit défaites en 43 matchs toutes compétitions confondues. Mieux, les coéquipiers de Shaqiri, sixièmes au classement Fifa, restent sur une forme impressionnante avec un seul revers enregistré sur leurs 25 derniers matchs : 0-2 contre le Portugal durant des éliminatoires quasi impeccables (9 victoires en 10 matchs). Menés deux fois au tour précédent, les rouge et blanc ont tenu tête au Brésil (1-1) et renversé la vapeur pour s’imposer dans les ultimes instants contre la Serbie (2-1).
Espoirs
Des résultats probants de part et d’autre qui sont l’aboutissement sur le terrain de deux générations talentueuses. Celle de 2009 pour la Suisse, sacrée championne du monde des moins de 17 ans; Granit Xhaka, Ricardo Rodriguez et Haris Seferovic, qui étaient de l’épopée, sont aujourd’hui des cadres indéboulonnables de la Nati. La Suède a quant à elle connu son moment de gloire lors de l’Euro 2015, lorsque ses moins de 21 ans sont venus à bout du Portugal en finale après la séance des tirs au but. Pas étonnant que l’on retrouve sept de ces vainqueurs dans la liste des 23 Suédois. Deux d’entre eux seront titulaires d’entrée ce mardi. Les défenseurs Victor Lindelöf (Manchester United), auteur de deux grosses prestations contre l’Allemagne et le Mexique (il était malade pour l’entame face à la Corée du Sud), et Ludwig Augustinsson (Werder Brême), qui a ouvert le score lors de la solide victoire 3-0 contre le Mexique en phase de groupes.
Deux équipes qui s'affrontent en produisant actuellement leur meilleur football, et guidées par des joueurs de talent. Que faut-il de plus ? Rien, si ce n'est un enjeu historique : les deux pays savent qu'ils ont une occasion en or de rejoindre les quarts. Chose que les Blagults n'ont plus faite depuis le Mondial 1994 aux Etats-Unis et une incroyable 3e place. Du côté de la Nati, il faut fouiller un peu plus profond dans les archives pour tomber sur l'édition 1954 organisée à domicile. Les Helvètes avaient en revanche échoué à atteindre les demi-finales, en s'inclinant sur un score de tennis contre l'Autriche (défaite 7 buts à 5). Après des échecs rageants lors des huitièmes des éditions 1994, 2006 et 2014, le peuple suisse s'impatiente.
Vieilles connaissances
Si elles ne se sont plus affrontées depuis 2002, la Suède et la Suisse se sont déjà croisées à 28 reprises, pour un bilan légèrement favorable à la Suisse (11 victoires à 10, et 7 matchs nuls). Pourtant, ce huitième de finale ne sera que leur toute première rencontre à enjeu dans une compétition internationale. Preuve de l'importance du rendez-vous, la présence de la Suède en huitième met fin au boycott diplomatique de la Coupe du monde de la part du gouvernement suédois suite à l'affaire Skripal (l'empoisonnement d'un ex espion, vraisemblablement par les services russes, en Angleterre). «La Suède est désormais dans une autre situation. Nous estimons important de soutenir notre sélection,» a déclaré la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström. Le 19 mai, les hockeyeurs suisses s'étaient inclinés 2-1 aux penalties, à l'issue d'un match très serré. Rebelote ce mardi à Saint-Pétersbourg ?