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Libération
Lever de rideau

Le Tour n’évitera pas la crise Froome

Tour de France 2018dossier
La 105e édition de la Grande Boucle s'élance ce samedi de Noirmoutier.
(Clara Dealberto & Julien Guillot )
publié le 6 juillet 2018 à 20h26
(mis à jour le 6 juillet 2018 à 20h36)

Noirmoutier, pas tout à fait une île (deux routes la sanglent au continent), pas tout à fait la mer (la terre compte aussi beaucoup pour les marins, qui y ont planté des patates). La 105e édition du Tour de France va démarrer samedi de cet entre-deux. Le parcours comprend 3 351 km et des surprises tellement prévendues par les organisateurs qu'elles n'en seront pas toujours renversantes : les pavés de Paris-Roubaix pour fracasser des roues le 15 juillet - un soir où le Mondial laissera du temps d'antenne au vélo -, du relief pour faire enrager les sprinteurs… La course passera par la Vendée avant la Bretagne, par les Alpes avant les Pyrénées. Il y aura un contre-la-montre individuel (l'avant-dernier jour, au Pays basque) et un autre par équipes (le 9 juillet, autour de Cholet, une étape qui va creuser les écarts au général).

Un peloton de 176 coureurs (il y en a un de moins que d'habitude dans chaque équipe, ce qui pourrait donner plus d'échappées) et une dizaine de favoris sur la grille de départ. Le Français Romain Bardet (AG2R La Mondiale), deux fois sur le podium final, fait ses comptes : «Voilà longtemps que je n'ai pas vu autant de coureurs capables de gagner le Tour ! [Chris] Froome sera certainement le plus fort. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il va gagner.»

Froome : la seule chose que le bruit de fond retient à l'entame de l'épreuve. Un nom de famille peint sur les banderoles, pour mieux le salir. Une chose curieuse. Le bonhomme Froome, lui, a été détruit à l'acide le lundi, quand l'Union cycliste internationale (UCI) l'a blanchi pour un contrôle positif au salbutamol remontant au 7 septembre. Le public pourrait s'en prendre à l'Agence mondiale antidopage, qui a quasi admis que les règlements étaient rédigés par les gens de Carambar. Mais elle ne pédale pas, la lutte antidopage.

Alors Froome va prendre pour tout le monde : l’UCI, l’AMA, Festina en 1998, Armstrong entre 1999 et 2005, Garin qui a triché sur le Tour de France en 1904… Le Britannique, innocenté par la justice, est condamné par la majeure part des fans. Jeudi, il fallait entendre les cris hostiles sur son passage, dans les rues de La Roche-sur-Yon. Prélude grotesque, y compris pour les 175 autres coureurs qui attendent la fin de l’orage. Les premières huées recueillies divisent les experts : trop fortes ou pas si violentes ? Cet été, il faudra un sonomètre et non pas une bicyclette pour suivre le Tour.