Lorsque la liste des 23 de Didier Deschamps est tombée, un nombre ressortait sans cesse de la masse de statistiques pour définir au mieux l'équipe de France : 26,4. Soit la moyenne d'âge du collectif français, encore plus basse que lors d'un certain Mondial 1998 (26,7 ans). La jeunesse de l'équipe pouvait faire craindre à certains un manque d'expérience au moment de jouer les matchs couperets contre des adversaires rodés à ce type de compétition. Didier Deschamps était le premier à reconnaître avoir composé un groupe avec «moins d'expérience mais de l'ambition» . D'autant que seuls neuf des joueurs présents à l'Euro 2016 font partie de l'aventure russe. Pour les quatorze autres, il s'agit de la première compétition internationale.
A première vue, cela fait une expérience plutôt faible. La moyenne de 24 sélections pour le Mondial 2018 est moindre que celle des Bleus sur les deux dernières décennies en grande compétition (30 capes). Lors de la demi-finale contre la Belgique, le onze de départ bleu avait en moyenne deux fois moins de sélections à son actif (41) que celui des Diables rouges (73). Mais si on ne prend en compte que les capes acquises au Mondial et à l’Euro et pas les amicaux, les deux effectifs sont quasiment à égalité (10 contre 11).
Quant à l’expérience du haut niveau, il ne faut pas oublier que les 23 Bleus jouent dans les cinq grands championnats européens. Alors que les coéquipiers d’Eden Hazard totalisent 273 matchs de C1 dont 62 à élimination directe, les Bleus sont mieux rodés (299 pour 112). Raphaël Varane, le Français le plus titré, compte quatre Ligues des champions avec le Real Madrid. Kylian Mbappé, second plus jeune joueur des 732 engagés dans le tournoi, n’est pas un novice des matchs à enjeu avec une demi-finale de Ligue des champions jouée à 18 ans avec l’AS Monaco. Bref, jeunesse n’est pas forcément synonyme d’inexpérience. Est-ce d’ailleurs un hasard si la France et l’Angleterre, deux des trois plus jeunes effectifs du Mondial en lice, se retrouvent dans le dernier carré ?