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Libération
Interview

Toms Skujins : «Les gens ne le savent pas assez, mais le vélo est un sport très drôle, y compris sur le Tour»

publié le 11 juillet 2018 à 21h06

Toms Skujins a un peu les boules : il a un maillot blanc à pois rouges (trophée du meilleur grimpeur) mais toujours pas de maillot de bain pour la piscine de son hôtel. Libé a longuement rencontré ce Letton de l'équipe Trek-Segafredo, pieds nus au bord de l'eau. Un néophyte du Tour de France, 27 ans. Drôle, revigorant. Il nous a raconté sa course de l'intérieur. Le mot «plaisir» plein la bouche. Il s'est échappé mercredi dans la 5e étape, entre Lorient et Quimper, décrochant le maillot à pois et le prix du plus combatif, tandis que le champion du monde Peter Sagan s'impose au sprint. Extraits

Le maillot à pois

«Je suis venu sur le Tour pour aider mes coéquipiers, Bauke Mollema [pour le classement général, ndlr] ou John Degenkolb [pour les sprints], éventuellement pour gagner une étape. Et voilà que je prends le maillot à pois grâce à mon échappée. Un seul mot : énorme. Ce n'était pas prémédité. La veille, je me disais qu'il y avait un beau terrain de jeu dans les côtes, mais je n'ai pas trop étudié le parcours. Vous avez vu la taille du livre de route avec toutes les cartes ? C'est trop long. Je préfère me décider en cours de route. Deux secondes et paf ! J'attaque.»

L’affaire Froome

«J'ai vu un petit garçon avec une pancarte qui disait quelque chose de terrible sur un coureur [Chris Froome]. J'ai eu de la peine pour ce petit : le Tour de France ne devrait pas être ça. Ça ne se résume pas aux scandales. Les journaux disent que l'ambiance est plombée. Je me sens moyennement concerné. J'ai commencé le vélo à 14 ans, je n'avais pas d'idole. J'ai découvert à 18 ans seulement que ce n'était pas un loisir mais aussi un sport pro. Autant vous dire que j'ai bien l'intention de m'éclater pendant trois semaines»

La déconne

«Les gens ne le savent pas assez, mais le vélo est un sport très drôle. Y compris sur le Tour. Tenez, sur la deuxième étape, il y avait un spectateur avec une roue de vélo accrochée sur la tête. Pour moi, le vélo est un sport fun. L’autre jour, on a mis de la musique allemande à fond dans le bus, un truc de supporteurs de foot, et on s’est mis à danser. J’ai quelques blagues favorites : faire croire à un coureur que je lui pisse dessus sans faire exprès alors que je lui arrose les jambes avec mon bidon d’eau ; enlever le câble du dérailleur pour que le gars n’ait plus de vitesse et pédale dans le vide…»

Le temps libre

«Je roule, je mange, je lis. Je viens de finir les Chemins de la liberté de Slawomir Rawicz. Là, j'attaque la biographie d'Andre Agassi, bien écrite, il paraît. Sur le Tour, la bouffe est top. Le cuistot de mon équipe me gâte avec mon péché mignon, les pommes de terre. C'est notre trésor national en Lettonie : purée, frites ou vodka. Enfin, la vodka attendra !»