Warren Barguil avait la stature de la liberté. C’est pour ça que le public avait lancé un cri des cavernes sur le Tour de France 2017, au départ du contre-la-montre à Marseille. Cri venu du cœur. Le coureur à grelots était plus aimé que Romain Bardet, le coureur sage. Le maillot à pois de meilleur grimpeur (l’insolence, le vent sur les joues) plus acclamé que le prétendant au podium (le calcul, la bride au cou). Warren Barguil avait abrégé des siestes devant la télé. Le 14 juillet dans les Pyrénées, à Foix, où il remporte une étape en échappée, au bas des montagnes. Le 20 dans les Alpes, où il attaque Chris Froome et gagne au sommet de l’Izoard. Les spectateurs en redemandent. La Bretagne se pâme. Jusqu’à jeudi, le Tour traverse cette région, et il y a le champion gravé dans les ardoises. Warren Barguil, le coureur libre. «Warren», quel prénom !
Cette popularité n'allait pas de soi. Au début, on trouvait que sa tête posait problème. Deux moitiés d'un visage rond à la Mickey qui ne disent pas la même chose. Des yeux noirs durs comme des colts, une bouche qui allonge des sourires en latex. Sympa en bas, terrifiant en haut. Parfois, pourtant, le coureur accorde son visage. Tout fermé. Le Barguil détesté des journalistes : il ne copine pas. Et de certains coureurs : il ne fait pas de cadeau sur un vélo. Tout rieur jusqu'aux pupilles : le chouchou des foules. Il assume ses deux côtés : «Je suis souriant, abordable, je suis resté simple. Je voulais deven