Son retour est une bénédiction pour le tennis féminin. Absente des courts pour maternité, Serena Williams a manqué. Car du haut de ses 36 ans, elle reste la patronne, la figure tutélaire d’un circuit en proie à trop de fluctuations. La présence de l’Américaine en demi-finale de Wimbledon ce jeudi fait du bien.
«Serena, c'est la puissance, la passion et l'émotion, s'enthousiasme l'ancienne joueuse Lindsay Davenport. Lorsqu'elle a remporté le tournoi pour la première fois ici en 2002, ses adversaires disaient que lorsqu'elle joue son meilleur tennis, personne ne peut la battre. Mais personne n'aurait imaginé que ce serait encore le cas seize ans plus tard.»
Alors que Roger Federer, à 36 ans, a échoué dans sa quête d'un 9e titre à Wimbledon – il a été battu mercredi en quart par Anderson –, Serena Williams pourrait cueillir une 8e couronne en simple sur le gazon londonien, une 24e en Grand Chelem. Elle égalerait ainsi le record de l'Australienne Margaret Court. L'Américaine paraît transcendée par l'enjeu. Marion Bartoli, vainqueur de Wimbledon en 2013 : «Le gazon convient parfaitement à son jeu. Elle est portée par l'expérience de ses 7 titres ici et par le fait d'être de retour dans son jardin.»
«Ne jamais abandonner»
Serena Williams ne laisse personne indifférent. Adorée ou décriée, elle s'impose comme un exemple pour le sport féminin. Régulièrement victime de racisme ordinaire et de sexisme, elle a toujours eu le courage de ses opinions. Et si elle dérange, comme à Roland-Garros avec sa tenue peu conventionnelle de «catwoman», c'est justement parce qu'elle assume, après une carrière – et une vie – où il lui a souvent fallu se battre. «J'ai appris à ne pas renoncer, à toujours lutter, répétait-elle mardi en conférence de presse. Peu importe ce qu'on traverse dans la vie, il ne faut jamais abandonner. Ça peut paraître simpliste, mais c'est la vérité. Pour moi, une vérité essentielle.»
Mère depuis septembre dernier d'une petite fille, Alexis Olympia Ohanian, Serena Williams avait confié au magazine Vogue les complications survenues lors de son accouchement et qui auraient pu lui coûter la vie. Des conséquences de l'embolie pulmonaire qui avait déjà failli l'emporter en 2011. Des événements qui n'ont pas freiné ses ambitions. «Je dois le dire de manière forte : Je veux absolument d'autres titres du Grand Chelem. Je suis au courant du record et, ce n'est pas un secret, mon objectif, c'est 25.»
«Elle commande tout»
Patrick Mouratoglou, son coach, l'assure : «Elle est totalement épanouie. Est-ce que c'est une bonne chose pour son tennis ou pas ? On était en droit de se poser la question dans la mesure où chez certaines personnes, ça peut avoir un impact négatif. Mais elle prouve ici que ça n'entame absolument pas sa motivation.»
Sur un court, Serena Williams, c'est toujours un service et une puissance de frappe exceptionnels, un niveau athlétique hors norme, et surtout un mental d'acier. «A ce niveau-là, elle ne cesse de me surprendre, confiait Mouratoglou peu de temps avant Roland-Garros. Elle commande tout. Elle est capable d'aller au bout de ses limites et de refuser la défaite Elle va chercher des ressources incroyables et est tout à coup capable d'élever son niveau de jeu à des niveaux exceptionnels et même dans des conditions extrêmes.»
Mardi, en quart de finale, elle s'est mobilisée après la perte du premier set. Pour passer à la vitesse supérieure, élever son niveau de jeu et revenir au score. Ses «come on» sur les points importants et son émotion à la balle de match en disaient long. «En ce moment, tout me surprend. Etre ici en demi-finale. Certes, c'était mon but, mais le fait que ça se produise vraiment me surprend. Je me dis "wow".»