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Billet

Aux Bleus, quoi qu'il arrive, merci pour ces moments

Coupe du monde 2018dossier
Avant même le match de dimanche, l’histoire a été belle, il faudra s’en souvenir si la somme de nos souvenirs venait à s’obscurcir.
Le milieu défensif des Bleus N'Golo Kanté contre l'Uruguay à Nijni Novgorod, le 6 juillet 2018 (Photo FRANCK FIFE. AFP)
publié le 14 juillet 2018 à 14h07

Ce n’est pas une histoire de suffisance mais bon. Depuis que les Bleus ont passé le suffoquant obstacle belge en demie, se qualifiant pour une finale largement à leur portée et donc d’autant plus piège, face à une Croatie à la fois diablement talentueuse et possiblement plus fourbue par ses trois matchs gagnés après prolongations, chacun fait comme si le maillot français comptait déjà deux étoiles. Les joueurs savent, eux, parfaitement qu'au foot le plus fort sur le papier ne l’emporte pas toujours sur le gazon.

Avant même le match de dimanche, l’histoire a été belle, il faudra s’en souvenir si la somme de nos souvenirs venait à s’obscurcir. Même si le onze tricolore calait à une marche du but, quasiment rien ne serait à jeter dans l’aventure russe, même pas ce match somnifère contre le Danemark en poule. Mbappé aura quoi qu’il arrive cassé la baraque et éclipsé en quelques chevauchées enthousiasmantes les Messi, Ronaldo, Neymar et Griezmann, au moins le temps d’un mondial. Lloris aura fait le tournoi de sa vie, et la classe de Varane (quatre Ligues des champions) ou Kante (trois poumons) aura légitimement fait l’unanimité.

L’issue du match face aux Croates ne sera pas un détail mais elle ne sera pas tout. Ce sera dans le meilleur des cas une consécration bien méritée, mais rien de plus que la part d’ombre d’un parcours lumineux en cas de défaite. Si, si. On aurait tous signé dès le début pour battre l’Argentine en remontant au score et en se délectant du missile si gracieux de Benjamin Pavard. On aurait topé d’entrée pour mettre à l’amende comme les Bleus l’ont fait une Uruguay jusqu’alors en pleine bourre mais privée ce jour-là de l’immense Cavani. On aurait dit banco pour être les premiers à battre les Belges depuis des lustres et sans encaisser un seul but de leur trio de feu.

Si la déception devait être au rendez-vous dimanche, le boomerang risque d’être d’autant plus violent que pour la première fois de son histoire, la France aborde objectivement en favori le plus grand rendez-vous de la planète football. Sur 90 ou 120 minutes beaucoup de choses peuvent arriver, mais même si on dit souvent, trop vite, que dans le sport de haut niveau seule la victoire est belle, il ne faudra pas oublier quoi qu’il arrive (ou presque) les passions positives qui nous ont traversés et qui ont bercé le pays ces dernières semaines. Pour tout ça, avant même de leur souhaiter de battre comme il se doit des Croates dont la victoire serait un coup de tonnerre alors que le pays compte quatre millions d’habitants, on peut déjà dire merci à ces Bleus en béton. Merci pour ces moments.