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Célébration

«Etre sur les Champs aujourd’hui, c’est symbolique, c’est l’image qui restera dans l’histoire»

Coupe du monde 2018dossier
Les supporteurs se pressent sur l'avenue parisienne dans le sillage de la victoire des Bleus en Coupe du monde.
Sur les Champs, dimanche. (Photo Corentin Fohlen. Divergence pour Libération)
publié le 15 juillet 2018 à 20h52

Que la route fut belle. 18h54. Pour la deuxième fois de son histoire l’équipe de France de football est championne du monde. Partout, dans les rues de Paris, les supporteurs sortent et se pressent vers les Champs-Elysées. Les pétards claquent dans l’air chaud et rythment le trajet. Souvent à trois sur la selle, des scooters se frayent un chemin jusqu’aux abords de la place de la Concorde. Des centaines de milliers de personnes fourmillent de toutes les artères. Au loin, l’Arc de Triomphe, sous les fumigènes, est déjà pratiquement invisible.

Houssine, 30 ans, coursier à vélo, en rêvait de cette victoire. Sur les épaules, il porte le maillot de la première victoire en 1998 : «J'avais 10 ans à l'époque. C'était la première fois que je regardais un match dans un bar. J'étais avec ma mère, on était rentrés tranquillement. Etre sur les Champs aujourd'hui, c'est symbolique, c'est l'image qui restera dans l'Histoire. On l'emportera au paradis. Et puis c'est rare qu'on se mobilise tous pour quelque chose d'heureux, quand les gens sont descendus dans la rue contre le terrorisme, on était tous ensemble mais pour des raisons tristes.» Ce qu'il trouve «dingue» dans cette euphorie c'est que «tout le monde se prend dans les bras, sans savoir qui est qui, et on ne se pose même pas la question. Quand tout le monde est heureux on ne fait plus attention aux différences». Référence à cette «France black-blanc-beur», tant vantée vingt ans plus tôt. Puis, lucide malgré la joie : «Après il y aura forcément un retour à la réalité.»

La veille, ce sont les militaires qui descendaient au pas les Champs-Élysées. Les gradins, le long de l’avenue n’ont pas encore été démontés. Ce dimanche soir, c’est la foule qui défile. Electrique, brouillonne, mêlée. On rejoue les buts sur les pavés. On court avec des inconnus. Et on chante la Marseillaise. A croire que cette année, la fête nationale tombait un 15 juillet.