«Avec N'Golo [Kanté] au top, tu as 95% de gagner le match», ironisait Eden Hazard à propos de son coéquipier à Chelsea la veille de la demi-finale opposant la Belgique à la France. Une statistique pourtant confirmée par la prestation XXL du milieu de terrain des Bleus lors la victoire à l'arraché des Français (1-0) contre les Diables rouges. A quelques heures de la finale de Coupe du monde contre la Croatie, d'autres chiffres, un peu moins au doigt mouillé, permettent d'avoir une idée des forces et faiblesses des deux équipes.
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Défenses : les Français intraitables depuis les quarts
Aucun doute, la Croatie défend. Et elle défend dur, à défaut de le faire toujours bien (cinq buts encaissés en six matchs). Avec 101 fautes commises par les hommes de Zlatko Dalic, la Croatie est numéro 1 parmi les 32 équipes. Au même titre que les 14 cartons jaunes récoltés sur le terrain.
Le bloc bleu, longuement mis en doute après des matchs de poules poussifs et un huitième de tous les dangers contre l'Argentine, est plus propre (79 fautes pour 10 jaunes) et finalement bien discipliné, puisque Hugo Lloris n'est allé chercher qu'à quatre reprises le ballon dans ses filets, dont trois lors des huitièmes. Pour le reste, le portier des Spurs totalise trois clean-sheets (matchs sans encaisser le moindre but) en cinq rencontres. Il a notamment arrêté les sept derniers tirs cadrés qu'il a subis dans cette Coupe du monde, pour un taux d'arrêts de 73,3%. Soit presque aussi bien que son homologue croate, Danijel Subasic, étincelant aux tours précédents (75%). Les 39 dégagements réussis par Raphaël Varane, un record pour un Français sur une même édition au XXIe siècle, ne sont pas étrangers à cette réussite à l'arrière.
Si la France encaisse peu, voire plus, c’est aussi en raison de sa faculté à récupérer un nombre important de ballons dans l’entrejeu. Les 48 gonfles grattées par N’Golo Kanté depuis le début de la compétition sont un record parmi tous les joueurs de champ.
Attaques : gare aux assauts croates
La France frappe moins au but que les Croates (25 tirs de moins) mais les hommes de Didier Deschamps sont plus précis devant les cages adverses (32% de ballons cadrés contre 26%). A noter que même s’ils ont disputé plus de rencontres que certaines autres équipes, les Vatreni sont les cancres concernant les frappes qui fuient le cadre dans la compétition. En revanche lorsqu’ils sont cadrés, les tirs croates font mouche presque une fois sur deux : 11 buts marqués sur 26 tirs cadrés (9 sur 24 pour la France). Les deux équipes possèdent par ailleurs un ratio buts-tirs similaire (Croatie : 12% ; France : 13%). Elles sont aussi les deux à avoir le plus subi de fautes au cours de la compétition (93 pour les Croates et 91 pour la France), preuve de leur capacité à se jouer des défenses adverses. La nouveauté pour la sélection croate concerne sa capacité à marquer de la tête : trois buts inscrits de la sorte dans le tournoi. C’est trois fois plus que lors de ses vingt premières réalisations en Coupe du monde.
Le physique : la clé de la finale ?
Leurs trois prolongations consécutives, du jamais vu dans la compétition, alors qu'ils ont à chaque fois été menés au score (contrairement à la France qui n'a été menée que… neuf minutes durant le tournoi) ont permis de le constater : les Croates n'abdiquent jamais, courent, et se battent sur tous les ballons. A l'image de leur capitaine, Luka Modric, dont les 63 kilomètres parcourus en font le joueur à avoir couvert la plus grande distance dans ce Mondial. Le joueur du Real Madrid est talonné à 300 mètres près par N'Golo Kanté, alors que le milieu de terrain des Bleus a passé… une heure de moins sur le terrain. A l'image aussi d'Ivan Rakitic, qui jouera son 71e match cette saison (55 avec le Barça, 15 sélections), plus que tout autre joueur sur la planète foot. Côté français, seul Antoine Griezmann tient pareille cadence, avec 64 rencontres disputées en 2017-2018. Mais l'équipe aux damiers ne se résume pas qu'à ses deux milieux de terrain : aucun collectif n'a fait mieux que les 272 dégagements, tacles et arrêts générés par le collectif croate.
Des efforts de tous les instants qui pourraient néanmoins coûter cher au moment d’aborder la dernière ligne droite. Les Bleus, déjà forts d’une journée de récupération en plus, n’ont pas encore disputé la moindre prolongation. Ils ont donc passé a minima 90 minutes de moins sur les terrains. Quand on s’attarde juste au temps passé sur le terrain depuis la mi-juin pour chacun des dix joueurs de champ titulaires en demi-finale, on remarque que les Tricolores ont joué huit heures et demie de moins que leurs homologues Vatreni. L’ultime match sera-t-il celui de trop pour les organismes croates ?