L'image du père de famille, trophée serré contre son cœur, envoyant des baisers à son fils Stefan, 3 ans et demi, symbolise le Djokovic nouveau. «Le sentiment est d'autant plus incroyable que, pour la première fois, j'ai quelqu'un qui crie "papa, papa". Il a été ma plus grande motivation pendant ce Wimbledon. J'ai visualisé cet instant.» Pour le Serbe, vainqueur pour la 4e fois sur le gazon londonien au terme d'une finale sans appel face à un Kevin Anderson (6-2, 6-2, 7-6) usé par 26 heures passées sur le court en demi-finale, c'était le scénario parfait.
Après deux ans de tourments, de crise existentielle et conjugale, de lutte avec un coude blessé qu’il a fini par accepter d’opérer, Novak Djokovic est de retour. Pour de bon. Et s’il doit cette renaissance sportive à une vie de famille apaisée, il la doit surtout aux retrouvailles, depuis avril, avec son coach historique, Marián Vajda.
«Phoenix»
Le Serbe admet avoir douté d'un retour possible à son plus haut niveau. «Ces turbulences, ce mélange d'émotion, de déception, de colère et de frustration m'ont aidé à mieux me connaître en tant que joueur mais aussi en tant qu'être humain. Ce sont les batailles qui permettent de se relever tel un Phoenix de ses cendres et de progresser encore.»
Avec cette 13e couronne de Grand Chelem décrochée dans le «sanctuaire» du tennis, sur ce court qui le faisait rêver à 7 ans du fond de sa Serbie en guerre, Novak Djokovic envoie un message fort à ses adversaires. Il faudra compter à nouveau avec lui dans la quête aux titres. Il est redevenu ce chasseur de records prêt à tout pour gagner. Sur le court, il y a les détails qui ne trompent pas. Ce regard exorbité, presque hypnotique. Ces moments de quasi-transe qui disent une détermination sans faille. Et puis il y a bien sûr le niveau de tennis proposé pendant sa demi-finale de haut vol face à Rafael Nadal. Comme une piqûre de rappel de ses plus belles heures de gloire.
«Meilleur test»
Mais plus qu'au monde du tennis, c'est avant tout à lui-même que le Serbe s'est prouvé quelque chose : «Ma blessure m'a appris la patience. J'ai voulu reprendre trop tôt. A Indian Wells et Miami, je n'étais pas prêt. Puis il y a eu ce quart de finale disputé à Roland-Garros et l'immense déception de ne pas encore y arriver. Donc, non je ne m'attendais pas à mon meilleur niveau déjà ici. Mais jouer Rafa en demi-finale a été le meilleur test. Je savais ce que match allait signifier pour moi à court et à long terme en matière de confiance en moi.»
Novak Djokovic a retrouvé la foi en lui et ce supplément d’âme nécessaire à tout champion. Rafael Nadal, Roger Federer et les autres sont prévenus.