Menu
Libération
Foot

Deschamps fait une sélection de célébration

Le sélectionneur a reconduit les mondialistes pour la reprise internationale des Bleus.
Le sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps, lors de l'annonce de la liste de joueurs choisis pour le match Allemagne-France du 6 septembre 2018. (Photo Franck FIFE. AFP)
publié le 30 août 2018 à 16h27
Il y a deux façons de lire la reconduction à l’identique ou presque (les vingt-trois joueurs moins Steve Mandanda, blessé) des champions du monde par le sélectionneur Didier Deschamps en prévision des deux parties de Ligue des nations en Allemagne (le jeudi 6 septembre à Munich) et à Saint-Denis contre la sélection néerlandaise (le dimanche 9), et elles reviennent au même. La première: récompenser le groupe sacré en Russie non seulement pour ses performances pour ceux qui ont joué, mais aussi pour leur attitude altruiste et confraternelle pour les mêmes ainsi que pour les autres, ceux qui ont peu ou pas joué.
Une récompense à double sens, puisque la rencontre de Saint-Denis marquera les premières retrouvailles avec le public français depuis la victoire (4-2) face aux Croates du 15 juillet à Moscou; le genre de symbole qu’une fédération peut d’autant moins négliger qu’elle avait été ensevelie sous les controverses (vampirisation de l’événement par Emmanuel Macron, remontée express des Champs-Elysées) quand les Bleus étaient revenus de Moscou. «Je suis parti sur l’idée d’un hommage aux champions du monde, a expliqué le sélectionneur. D’ailleurs, Steve [Mandanda] nous rejoindra à Saint-Denis pour fêter la victoire.»

«Ne pas tout confondre»

Seconde lecture: priorité aux champions du monde en attendant que la sélection naturelle – les matchs au fil de la saison, les contre-performances des champions du monde – fasse œuvre de renouvellement, et Deschamps n'est pas du genre à précipiter le mouvement. Le sélectionneur est façonné par le monde du foot, ses usages: un joueur doit être considéré pour ce qu'il a accompli avec la sélection et pour le reste, on ne fait pas crédit. «Je ne reste pas cantonné à ces 23-là, s'est mollement défendu Deschamps. Mais je ne leur retire rien non plus de ce qu'ils ont fait.»

A lire aussi: Sacre bleu

Et l'embourgeoisement, qui guette les vainqueurs? «Certes, le haut niveau impose aux joueurs d'être performant sur la longueur. Mais avoir été champion du monde doit être un élément positif, ça prouve que l'on a réussi des choses et certains peuvent y puiser de la force et de la confiance. Ça dépend des caractères. Après, les joueurs débutent leurs saisons et leurs capacités athlétiques varient beaucoup selon les cas. Disons qu'il faudra faire la part des choses, et ne pas tout confondre.» Un décrochage mental avec un rayonnement physique limité par exemple.

Reconnaissance

Outre le cas Mandanda, la reconduction des Mondialistes impliquait le retour d'Adil Rami. Lequel, dans un élan émotionnel, avait annoncé sa «retraite internationale» dans un couloir du stade Loujniki après la finale, manière aussi sans doute de sortir par la grande porte alors qu'il avait joué les utilités en Russie, seul joueur de champ à ne pas disputer une seule minute de jeu. Deschamps l'a convaincu: «Il n'a pas hésité une seconde [à revenir] et pour la suite, il faut qu'on discute. Adil est dans une tranche d'âge [32 ans] où il reste performant, il joue dans un grand club français [l'Olympique de Marseille], il est au niveau…»

Difficile d’y voir du sentimentalisme, même s’il ne faut juger de rien: plutôt de la reconnaissance envers un joueur qui a embrassé son rôle de remplaçant avec une conviction extrême, promouvant jusque devant les médias – ou à côté, puisqu’il est intervenu une fois pendant qu’un copain s’exécutait devant les micros pour faire une farce – cette image de concorde entre les joueurs tricolores de tous statuts. Le mercato d’été a pourtant vu le défenseur Clément Lenglet, très performant la saison passée en Ligue des champions avec le FC Séville, signer carrément au FC Barcelone, ce qui est un gage de qualité difficilement contournable. Mais il est vrai que Lenglet n’est pas champion du monde. Et qu’il n’a rien à fêter.

La liste des 23 Bleus

Gardiens de but: Hugo Lloris (Tottenham/Ang) ; Benoît Costil (Bordeaux) ; Alphonse Areola (Paris SG)

Défenseurs: Lucas Hernandez (Atlético Madrid/Esp); Presnel Kimpembe (Paris-SG); Benjamin Mendy (Manchester City/Ang) ; Benjamin Pavard (Stuttgart/All) ; Adil Rami (Marseille) ; Djibril Sidibé (Monaco) ; Samuel Umtiti (FC Barcelone/Esp) ; Raphaël Varane (Real Madrid/Esp) ;

Milieux de terrain: N'Golo Kanté (Chelsea/Ang) ; Blaise Matuidi (Juventus/Ita) ; Steven N'Zonzi (AS Rome/Ita); Paul Pogba (Manchester United/Ang) ; Corentin Tolisso (Bayern Munich/All)

Attaquants: Ousmane Dembélé (FC Barcelone/Esp) ; Nabil Fekir (Lyon) ; Olivier Giroud (Chelsea/Ang) ; Antoine Griezmann (Atlético Madrid/Esp) ; Thomas Lemar (Atlético Madrid/Esp); Kylian Mbappé (Paris-SG); Florian Thauvin (Marseille).