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Libération
Billet

Face aux sponsors, un «dress code» nécessaire

Serena Williams à Roland Garros, le 2 juin. (Photo Thomas SAMSON)
publié le 2 septembre 2018 à 20h26

Le président de la Fédération française de tennis, Bernard Bernard Giudicelli, et le directeur du tournoi de Roland-Garros, Guy Forget, ont mangé chaud, le premier pour avoir dit que la combinaison intégrale adoptée par Serena Williams Porte d'Auteuil «ne sera plus acceptée»et le second pour avoir plaidé pour l'adoption d'un dress code lors du tournoi dont il a la responsabilité. Et s'ils ont mangé chaud, c'est au nom de la liberté de l'athlète de se vêtir comme il l'entend. Faux : c'est de celle de son sponsor qu'il s'agit - même si les tenues sont validées par le joueur -, c'est-à-dire des marques, gouvernées par une logique industrielle. Qui s'entend certes, mais qu'il ne faut pas confondre avec la liberté d'expression. Giudicelli et Forget sont dans leur rôle : sanctuariser leur sport (Giudicelli est élu par le monde du tennis) et leur tournoi, Wimbledon faisant l'admiration des joueurs et des fans avec le dress code le plus strict qui soit (du blanc, rien que du blanc) alors que le tennis en particulier et le sport en général devenaient l'objet de toutes les prédations, économique, politique, etc. La tenue de Williams se défendait : elle permettait une contention sanguine alors que la joueuse, toute fraîche maman, est sujette à des problèmes de caillots de sang. Reste que quand un sponsor décidera de faire le buzz en mettant une plume dans les fesses d'un joueur, il faudra bien mettre le stop.

Un sport a failli en mourir : entre leur apparition à la fin des années 90 et leur interdiction en 2010, les combinaisons intégrales en polyuréthane des équipementiers ont détraqué la natation, deuxième sport olympique, faussant les palmarès et ridiculisant la compétition. Le tennis n’en est pas là. Mais une logique industrielle et une logique sportive n’ont nulle raison de coïncider.