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Tennis: Naomi Osaka, une championne pour les années 2020

La métisse japano-haïtienne affrontera samedi son idole Serena Williams en finale de l'US Open, une première pour une joueuse nippone.
Naomi Osaka avant sa rencontre face à Madison Keys en demi-finale de l'US Open le 6 septembre. (AFP)
publié le 7 septembre 2018 à 14h33

«13 balles de break sauvées sur 13 jouées. Comment vous avez fait ?», lui demande le présentateur à la fin de sa demi-finale remportée jeudi à l'US Open contre Madison Keys (6-2, 6-4). «Ça va paraître bizarre mais je pensais juste : "Je veux vraiment jouer contre Serena" !», lui a répondu Naomi Osaka, avec la candeur de ses 20 ans. Samedi, elle entrera dans l'histoire du tennis comme la première Japonaise à jouer une finale de Grand Chelem, et pour ne rien gâcher face à la plus grande championne de ce sport – une Serena Williams retrouvée qui a disposé en demie de la Lettonne Sevastova en deux sets (6-3, 6-0). A bientôt 37 ans, l'Américaine pourrait remporter un 24e sacre majeur, ce qui lui permettrait d'égaler le record absolu de titres en Grand Chelem.

Après avoir commencé la saison aux alentours de la 70e place, Osaka, née dans la ville homonyme d'une mère japonaise et d'un père haïtien, s'est hissée au fil des mois dans le Top 20, à la faveur notamment d'une victoire à Indian Wells en mars. Dans la moiteur étouffante de cet US Open, la 19e mondiale a été expéditive : excepté son huitième de finale, elle a remporté tous ses matches en deux sets grâce à son jeu de fond de court agressif.

Hors des courts, attachante, elle ponctue souvent ses conférences de presse de petits rires gênés et de blagues pleines d'autodérision. La Nippone, arrivée en Floride à 3 ans, avait été dépeinte en geek obsédée par le jeu vidéo Overwatch et parlant en memes Bob l'éponge dans un portrait pour GQ fin mai qui la sacrait «joueuse la plus cool du tennis». Un titre qu'elle avait du mal à accepter : à Roland-Garros, elle déclarait se voir plutôt comme la «joueuse la plus gênante du tennis». Une championne pour les années 2020 en somme, à la personnalité assez éloignée de son adversaire du week-end, à qui elle voue pourtant un culte depuis toujours.

A Miami en mars, Osaka avait sèchement battu Serena Williams au premier tour 6-3, 6-2 : l'Américaine était alors repartie à l'entraînement pendant deux mois, ne s'estimant pas au niveau suite à son accouchement compliqué fin 2017. Avant la rencontre, la Japonaise avait disserté sur son adoration pour son aînée : «C'est étrange de grandir en regardant tous les matchs de quelqu'un, de toujours vouloir qu'elle gagne, de vouloir devenir exactement comme elle et puis un jour d'avoir la chance de jouer contre cette personne.» Une nouvelle victoire d'Osaka samedi et on serait forcément tenté d'y voir un passage de relais générationnel : la Japonaise n'avait pas encore deux ans lorsque Williams remportait son premier US Open, en 1999.