Heure de la revanche ? Sur le Mondial 2017, le Français Julian Alaphilippe s'était échappé avec l'Italien Gianni Moscon. Ce dernier n'avait pas franchement pris ses relais : par fatigue ou par calcul ? Le fils de cultivateur de pommes s'en était sorti avec un nouveau procès en sournoiserie, d'autant qu'on l'avait découvert scotché à une portière de voiture lancée à pleine vitesse (hop, disqualifié). Avant ce Mondial, il y avait eu l'histoire des insultes racistes envers Kévin Reza, coureur d'origine antillaise. Et après : une accusation d'avoir fait chuter volontairement en descente un équipier de Reza, Sébastien Reichenbach (affaire classée par l'Union cycliste internationale, faute de témoin). Puis : une «agression particulièrement grave» envers le Breton Elie Gesbert sur le Tour de France (paf, exclusion et cinq semaines de suspension par l'UCI). Tel est Gianni Moscon, 24 ans, équipier au Team Sky et leader des Italiens pour le Mondial 2018. Ce portrait affreux-affreux l'écrase : il doit à chaque fois s'excuser en interview. Mais il en joue aussi, affirmant être survolté par les haines qu'il sème : «Je veux courir plus agressivement, sans crainte.» Persuadé qu'une grosse victoire nettoierait sa réputation, Moscon a mis les bouchées triples dans sa préparation. Un peu trop fort peut-être, il a enlevé deux classiques italiennes coup sur coup en septembre, à peine revenu de sa suspension. Son équipe nationale pense pouvoir le «canaliser». A défaut, elle pourrait miser sur un outsider plus présentable, Domenico Pozzovivo, 35 ans : diplômé d'économie, sympathisant déclaré du Parti démocrate italien et pianiste à ses heures perdues dans les halls d'hôtel.
Et pourquoi pas un italien ? Moscon, la brute et le truand
par Pierre Carrey
publié le 28 septembre 2018 à 20h46
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