Les grimpeurs colombiens ont tellement de chances de gagner l'or mondial qu'un gros sponsor national a rappliqué sur leur maillot. Postobón : un jus de pomme effervescent. Parfois traité de «champagne coca». Sur le papier, pas d'entrave à cette ambition. Le parcours d'Innsbruck est tracé pour des montagnards. Et les Colombiens, dans un certain imaginaire (sans parler des clichés…), sont les meilleurs montagnards du peloton : la cordillère des Andes, le sang fouetté par l'altitude, les petites potions de sorcières comme celle qui aurait sauvé la vie de Nairo Quintana dans sa jeunesse… Mais les coureurs natifs de ce pays s'engluent souvent dans des pièges tactiques qui les empêchent pour l'instant de conquérir un Mondial. Puisque chaque pays sera confronté à ce problème, passons vite sur les complications diplomatiques à faire cohabiter les trois leaders, Nairo Quintana, Rigoberto Urán et Miguel Angel López, qui évoluent à l'année dans trois équipes rivales - Movistar, EF-Education First et Astana. Main sur le cœur, Urán : «La chose la plus importante, c'est que l'un de nous gagne.» On peut le croire. Plus ou moins. Leur faiblesse, leur point commun, c'est plutôt l'attentisme. Sur le dernier Tour d'Espagne, López et Quintana terminent 3e et 8e sans jamais lancer d'attaque d'ampleur. En 2017, déjà, Urán se classait 2e du Tour de France sans dépenser le nanogramme d'effort en trop. Gagnante ou au contraire risquée à force de ne pas prendre de risques, cette passivité dans les phases cruciales de la course peut réussir sur un championnat du monde d'usure, où il faudra évidemment préserver ses forces. Mais l'hypothèse s'aiguise de voir dimanche ces trois «suceurs de roues» se suçoter entre eux.
Et si c’était un Colombien ? Quintana, Urán et López, trio attentiste
par Pierre Carrey
publié le 28 septembre 2018 à 20h46
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