Menu
Libération

Et si un anglais gagnait ? Yates, seul à bord

publié le 28 septembre 2018 à 20h46

Ne pas se laisser aveugler : un (possible) succès mondial de Simon Yates, 26 ans, fils de prolo anglais, ne viendrait pas complètement gonfler l’orgueil de la fédération britannique et de sa filiale privée, le Team Sky. Car Yates ne court pas chez Sky. Depuis 2016, ce puncheur-grimpeur refuse d’entrer dans cette machine nationale totale qui produit sans mollir des champions olympiques sur piste (avec le maillot British Cycling) et des vampires sur route (avec l’étiquette Sky), tels Chris Froome et Geraint Thomas, qui se sont adjugé respectivement cette année le Tour d’Italie en mai et le Tour de France en juillet, mais vont sécher le Mondial pour cause de fatigue (ça leur arrive parfois). Yates préfère rouler pour Mitchelton-Scott, la franchise de la fédération australienne. Il suit sa propre préparation - sportive, psychologique et médicale. Ce qui ne l’a pas empêché de poser son sourire moqueur sur le Tour d’Espagne en septembre, promenant son vélo comme d’autres leur labrador. British Cycling est donc très ennuyée par ce talent en verve, qui va représenter ses couleurs mais qu’elle ne maîtrise pas. Jadis, c’est-à-dire en 2008, «l’empire» était capable de réunir 14 coureurs anglais ou gallois et de les faire s’entraîner ensemble pendant les vacances d’hiver sous les frimas, un stage commando qui préparait la victoire du sprinter Mark Cavendish sur les championnats du monde… trois ans plus tard. Ce programme secret, baptisé «The Rainbow Project», avait ouvert une époque faste pour le vélo britannique. Qui continue de dominer, certes, mais sans athlètes entièrement dévoués à sa cause, sans relève générationnelle assurée et sans garantie que le dopage ne soit pas une clé de cette insolente réussite.