Menu
Libération
Golf

Ryder Cup : Brooks Koepka, à l'ombre du «Tigre»

Dans la forme de sa vie avec notamment trois Majeurs en poche en un an, l'Américain de 28 ans est l'un des atouts majeurs du «Team USA» au Golf National, à la conquête d'un premier succès sur le sol européen depuis 1993.
Brooks Koepka en entraînement sur le parcours du Golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines, le 26 septembre 2018. (Photo Eric Feferberg. AFP)
publié le 28 septembre 2018 à 18h46

Le week-end le plus attendu de l’année par la planète golf n’avait pas encore débuté que cette semaine démarrait déjà de la meilleure des manières pour Brooks Koepka. Ce lundi, l’Association des golfeurs professionnels (PGA) annonçait la présence de l’Américain de 28 ans parmi les six personnes nommées pour le titre de meilleur joueur de la saison 2018. Comment pourrait-il en être autrement, lui qui règne sur les greens depuis maintenant dix-huit mois ?

Trois Majeurs en un an

Alors que le monde du golf ne semble vivre qu'au rythme du swing de Tiger Woods, on en oublierait presque que le «Tigre» fait partie de «la meilleure équipe américaine depuis de nombreuses années», dixit le Français Thomas Levet dans des propos rapportés par l'AFP. Koepka, récent vainqueur du PGA Championship (l'un des tournois les plus prestigieux qui équivaut, grosso modo, à un Grand Chelem de tennis) deux coups devant Woods, en est l'un de ses plus sérieux éléments.

Au Bellerive Country Club près de Saint-Louis au mois d'août, les deux hommes s'étaient livrés une belle bataille à distance. Mais Koepka avait résisté tous clubs dehors au retour du «Tigre», qui a même attendu que son cadet de 14 ans rende sa dernière carte pour le féliciter. Non sans surprendre le vainqueur : «Evidemment je ne m'y attendais pas», glissait Koepka au site spécialisé Golf Digest. «J'étais un peu sous le choc rien qu'en pensant qu'il a dû attendre près de trente minutes juste pour me voir conclure.»

Plus que le prestige d'une victoire acquise en patron devant la légende du circuit en pleine renaissance, c'est la régularité des grosses performances de Koepka dans les grands tournois qui impressionne. Jugez plutôt : en 2018, le natif de West Palm Beach a fini 8 fois dans les 10 premiers en tournoi majeur. Surtout, il s'est adjugé en un an la bagatelle de trois Majeurs. Du jamais vu depuis l'Irlandais Padraig Harrington une décennie plus tôt (2 British Open, 1 USPGA à cheval entre 2007 et 2008). Cette année, il est rentré dans l'histoire de son sport à double titre. En juin, lorsqu'il est devenu le premier golfeur à conserver son titre à l'US Open depuis Curtis Strange. C'était il y a bientôt trente ans (en 1988 et 1989). Un back-to-back retentissant, juste avant une autre victoire qui l'est tout autant, deux mois plus tard à l'USPGA – record du parcours et meilleur score du PGA égalé le vendredi au passage – qui l'a fait rejoindre le cercle très restreint des joueurs à réaliser le doublé US Open-USPGA. Jusque-là, seuls Gene Sarazen, Ben Hogan, Jack Nicklaus et… Tiger Woods avaient réalisé une telle prouesse.

 Le golf du futur

La comparaison avec le Tigre ne s'arrête pas vraiment là. Woods a forgé sa légende avec un style de jeu très agressif, un drive très long et un swing qui demeure toujours l'un des plus rapides de la planète. Koepka se taille lui aussi une réputation de joueur très – parfois trop – offensif : la supportrice qui a eu le nez cassé à la retombée d'un drive dévissé par Koepka au Golf national ce vendredi matin ne dira pas le contraire. Le jeu et le joueur incarnent à eux seuls cette nouvelle génération de golfeurs qui émergent sur le circuit depuis quelques années, grandement influencés par le Tigre et sa méthode de travail. Un credo «work hard play hard» où le golfeur est avant tout un athlète.

On pourrait presque résumer le joueur de 28 ans en deux adjectifs. Puissant : sur le circuit à l'heure actuelle, difficile de taper la balle plus fort que Koepka, capable d'envoyer des drives rectilignes dépassant régulièrement les 300 yards (290 mètres de moyenne au drive lors de sa victoire à l'US Open 2017). Imperturbable : un mental rodé à toutes les situations, le sang glacial au moment d'aborder les trous les plus chauds, là où ses adversaires craquent et dévissent. Encore faut-il que le rookie (meilleur débutant) 2014 sur le Tour européen mette le même degré d'application partout, y compris en dehors des grands événements : «Je vais essayer de garder la même concentration sur les tournois réguliers.»  L'année écoulée aurait pu être parfaite si l'actuel numéro 3 mondial ne s'était pas déchiré partiellement le tendon du poignet gauche en début d'exercice, le privant par conséquent du Masters d'Augusta, l'un des deux tournois majeurs qu'il manque à son palmarès (pas mieux qu'une onzième place) avec le British Open.

Reçu 3 sur 4 lors de l’édition 2016

Sur le parcours de l'Albatros, Koepka dispute sa deuxième Ryder Cup après l'édition 2016. A Hazeltine (Minnesota) il y a deux ans, il avait particulièrement brillé en ramenant trois points à sa sélection sur les quatre match-plays auxquels il avait pris part : deux victoires en doublette avec Brandt Snedeker pour débuter avant de s'incliner avec son compatriote et actuel numéro un mondial Dustin Johnson face à la paire McIlroy-Pieters. Il avait conclu son week-end sans broncher face à l'Anglais Daniel Willett (victoire à 5 et 4, soit une victoire à l'issue du 14e trou, plus large succès des simples). Son bilan dans l'épreuve s'est encore embelli vendredi lors de la première journée à Saint-Quentin-en-Yvelines : associé à Tony Finau à l'occasion de la première session de «fourball», les Américains sont venus à bout de la paire Justin Rose/Jon Rahm. Il ne sera pas de trop pour vaincre cette «Europe»-là.